l'individu et la societe
Bas les masques
Question : Les masques vont-ils vraiment empêcher la diffusion des aérosols ?
Réponse : Pour minimiser ces risques, le premier élément, c'est de minimiser l'émission de ces particules, quand on parle, quand on tousse, quand on respire et donc de porter un masque, non pas pour se protéger, mais d'abord pour protéger les autres et ne pas être soi-même une source de contamination.
Bien entendu, si à la réception, on porte également un masque, on va multiplier les systèmes de protection et on va avoir encore de meilleurs résultats.
Jean-François Dousson
chargé de mission pour la recherche
atmosphérique au CNRS.
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Une question qui me turlupine depuis quelques semaines. En fait, je serais curieux de savoir si les masques qu'on réclame à corps et à cri, avec cette belle virulence, le sont autant (réclamer) parce que chacun d'entre nous a pleinement conscience qu'en en portant un, il protège principalement les autres de sa propre possible infection et que ce n'est que secondairement et dans une moindre mesure qu'il se protège lui-même en portant un masque.
Si tel était le cas, devant tant d'altruisme, j'avoue que je serais véritablement réconcilié avec le genre humain. Même si, je dois bien le reconnaître, et c'est heureux, je ne suis pas particulièrement en bisbille avec lui.
Le coronavirus se diffuse-t-il par la ventilation ?
Le coronavirus peut-il se diffuser dans l'air grâce aux systèmes d'aération ? C'est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et franceinfo...
https://www.franceculture.fr/sciences/le-coronavirus-se-diffuse-t-il-par-la-ventilation
Les variations Maurice
Une différence qui naît de l’intérieur – une variation – et qui finit par créer un déplacement. Il ne s’agit pas d’une métamorphose, ni même d’une métaphore, parce que dans ces deux cas, le transport se fait vers l’extérieur. Alors que la variation reste interne.
Répéter les choses mais avec des nuances, en y apportant d'autres éléments, même petits, c'est encore dire les choses à neuf, les renouveller.
Varier, c'est s'éloigner de soi tout en restant le même. Ce serait laisser la parole à d'autres moi que moi, à un moi multiple qui contient le plus de moi possibles, certains dans mes confins les plus extrêmes, au plus proche de l'autre, tout contre son bord.
Dieu, que ma société est jolie !
Plus il y a d'imitation entre les individus d'une société, plus celle-ci est parfaite, c'est-à-dire qu'un conformisme idéal règne dans une société, qui au terme d'une longue évolution, n'a plus d'histoire. On pense bien sûr aux diverses sociétés d'insectes.
Par contre, plus l'imitation entre individus d'une même société est dissimulée, masquée, ne dit pas son nom, plus cette société sera à la fois, complexe et instable, parce que composée d'individus inventifs et créatifs.
Elle a enclenché alors, sur le très long terme, un processus d'individualisation (ou d'individuation), pérenne, irréversible, tout en s'obligeant à une imperfection à partir de laquelle cette sociéte ne pourra pas savoir où son imperfection la mènera.
On dira qu'elle se condamne à une conscience non-réflexive. Ce qui n'est jamais facile à vivre.
Aime ton prochain comme ta gueule
Le malaise dans la civilisation, 1930 - S. Freud
Le commandement "Aime ton prochain comme toi-même" est la défense la plus forte contre l'agression humaine et un excellent exemple de la démarche non-psychologique du sur-moi-de-la-civilisation.
Le commandement est impraticable, une inflation aussi grandiose de l'amour peut seulement en abaisser la valeur.
(p.87)
Issue de secours
Jamais trop loin
de l'issue de secours
pour en finir
encore et encore
le plus possible
vers l'ultime sortie.
Premier de cordée, d'accord,
mais dans le sens
où ça descend.
Faire quelque chose de sa vie.
Non, moi je n'ai jamais rien fait de ma vie.
Parce qu'il y aurait eu quelque chose à faire de sa vie.
Première nouvelle.
Moi, spontanément, j'ai dû laissé cette préoccupation à des "plus-ambitieux", à des "je-sais-tout", à des "tout-plein-de-certitudes", à des "moi-j-ai-très-confiance-en-moi", à des "moi-j-ai-toujours-une-opinion-sur-tout", et j'en passe. Des fois, quand la concurrence est trop rude, faut savoir s'éclipser.
Je me souviens d'une place qu'on me faisait miroiter hypothétiquement, mais au bout du compte, ils l'auraient attribuée à un plus-convaincu-que-moi. Soi-disant plus convaincu, j'ai pas été vérifié.
Et puis franchement quand on voit ce que ceux qui ont fait quelque chose de leur vie ont réellement fait de leur vie, on se dit qu'a pas de quoi pavoiser. Y aurait eu de quoi rester modeste.
Tous ceux qui jouent à être riche.
Mais c'est vrai que nous, bon, on fait les impressionnés, on est polis, on voudrait pas décourager le grand monde, dadou rom rom.
Finalement, si tant est que ce mot ait un sens, je suis ce que je suis, c'est pas grand chose, mais...
La paix sur vos âmes et nulle part ailleurs.
Tu les trouves jolies, mes fesses ?
L’avenir sera critique du présent, mais aussi le présent est critique de l’avenir. Dans un cas comme dans l'autre, il s’agit, ne l'oublions pas, d’objets à construire.
Qu’y a t-il de commun entre la momie égyptienne, les masques d’or des rois mycéniens, les gisants du Moyen-Âge, les automates du 18ème siècle, et cet ultime avatar, le clone.
On pourrait ajouter à la liste, l’avenir radieux du socialisme ou la fin de l’histoire du libéralisme.
Tous ont en commun de témoigner pour cette entreprise prométhéenne qui consiste à vouloir inverser la flèche du temps. Un changement d'orientation à 180° où ce n'est plus le passé qui vient légitimer le présent mais la promesse de l'avenir
Tous, ils cherchent à délier le corps d’un passé originaire pour projeter un autre corps mais identique dans le futur.
Pour y parvenir, celui-ci devra traverser la mort ou l’histoire, entreprendre une révolution ou s’adjoindre les services de la science.
Il vise, rien moins que ce corps utopique, parfait, transfiguré, invincible, glorieux, où la jeunesse ne passe pas, éternel comme un dieu, un corps sans appartenance à une classe sociale ou qui ne connaît pas les crises, les guerres et les soubresauts de l'histoire.
Tous ils mettent en scène des corps utopiques pour donner corps à l’utopie.
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Dans la création du clone, il y a en creux, l’incomplétude de son créateur. Ce qui inverse singulièrement la relation créateur – créature, parce qu’elle place la perfection du côté de cette dernière.
Et de ce fait, on se rend compte rapidement que le clone, en tant qu’instrument parfait, n’a qu’une seule possibilité, qu’un seul destin, contenu dans ces deux termes : se révolter contre son créateur imparfait.
C’est ainsi qu’il faut l’imaginer. Le clone ne peut être qu’un clone révolté.
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Alors, cette simple question: Mais qu’est-ce qui lui a pris à Régine Gaud, de vouloir, absolument, nous rendre palpable ce clone, de nous montrer à quel point il nous est déjà familier, à quel point il est, à n’en pas douter, cette tragédie nécessaire.
C’est parce qu’elle sait, intuition d’artiste oblige, qu’il nous interroge depuis toujours. N’y a-t-il pas en chacun d’entre nous, ce désir fou, cette impérieuse nécessité de voir, enfin pris dans le mouvement de la vie, tout ce qui du corps, échappe à notre vue, à savoir, l’arrière de son crâne, son dos, ses fesses ?
Et l’inscrire dans un synoptique parfait. Un même corps multiplié, enfin conscient de lui-même dans sa totalité, qui permettrait d'éviter que se pose cette obsédante question : " Tu les trouves jolies, mes fesses ? "
par Régine Gaud. "Narcisse aurait-il aimer se faire cloner ? La réponse est oui."
Idiosyncrasie
Un mot philosophique.
L'idiosyncrasie, du grec ancien ἰδιοσυγκρασία / idiosunkrasia,
dérivé de ἴδιος / ídios (« propre », « particulier »),
σύν / sún (« avec »),
et κρᾶσις / krâsis (« mélange »)
est le comportement particulier d'un individu, propre à celui-ci, face aux influences de divers agents extérieurs.
(par Lucien Frizzi).
Le dilemme d'Arjuna
Si à la société, il est plus juste d'associer le mot « chaos » que celui d'organisation », alors une grande question se pose. Pourquoi continuer à agir ?
Ou plutôt pourquoi continuer à agir à l'intérieur de cette société, tout en ne croyant pas au bien-fondé de cette action ? Comment la rendre nécessaire alors qu'elle n'apparaît plus légitime ?
L'action dans ce contexte apparaît comme un arbitraire radical, comme une sorte d'exercice spirituel de haute volée non dénuée de grandeur.
Cette question se retrouve, tout à fait centrale, dans la Bhagavad Gita, « le chant du Bienheureux ». Dans ce récit, Arjuna, guerrier du clan des Pandava, doit annoncer le début des hostilités contre les Kaurava.
Et le voici pris d'un doute. Puisque le désordre prédomine, ne risque-t-il pas, par son action, d'ajouter encore de la confusion à la confusion, encore plus de désordre là où son action voudrait rétablir de l'ordre ? Il entame alors un dialogue avec son cocher, le divin Krishna.
Celui-ci lui enseigne que le refus total de l'action est aussi nuisible qu'une action engagée sous la domination du Moi, et qu'il existe, bel et bien, un chemin qui permet d'agir sans être lié à ses actes.
N'est-il pas vrai qu'on ne commence jamais à agir. Ça a commencé depuis toujours et le Moi est toujours pris dans l'agir des autres. Sous cet angle, le Moi est à la fois dominé et passif puisqu'il est déterminé par l'agir des autres. Et c'est lorsque l'homme s'est libéré de cette tyrannie de l'ego, c'est-à-dire quand il a pris conscience de la domination qu'il subit, que peut s'opérer le passage de moi à soi.
Alors celui qui n'est attaché par rien peut se consacrer au bien commun. Et être maître de soi, c'est se libérer du doute. C'est ainsi qu'Arjuna pourra déclencher la bataille.
Le raciste de la race humaine.
- Je préfère te le dire sans détour, je suis raciste. Oui, parfaitement, moi, je suis raciste.
- Comment ça ?
- Je suis raciste de la race humaine. Je ne peux plus me l'encadrer, celle-là. Et vlan, qu'on en finisse, d'un revers de main, qu'elle disparaisse.
- Ahaha, c'est pas drôle, tu ne devrais pas rigoler avec ça.
- Mais toi, ce que tu peux être sérieux. Toujours à cran. Toujours à guetter le faux pas. Détends-toi, c'est bon, JE plaisante.
- On plaisante pas avec ça. C'est pas drôle, je te dis.
- (Soupir). C'est de la misanthropie. Rien de plus.
L'homme est un dieu pour l'homme
Contre le trop célèbre "l'homme est un loup pour l'homme", il y a le magnifique "l'homme est un dieu pour l'homme" de Spinoza, qui figure dans un non moins magnifique texte de son Éthique : (corrolaire et scolie de la proposition 35, partie 5).
(...) " C'est lorsque les hommes vivent sous la conduite de la Raison qu'ils s'accordent le mieux par nature. Donc les hommes sont le plus utiles les uns aux autres lorsque chacun cherche avant tout le plus utile qui est le sien.
L'expérience même l'atteste chaque jour partout de si clairs témoignages que presque tout le monde dit que l'homme est un dieu pour l'homme. Pourtant il est rare que les hommes vivent sous la conduite de la Raison; mais c'est ainsi : les hommes sont pénibles et envieux les uns aux autres. Il n'empêche, ils ne peuvent guère passer leur vie tout seul et de fait, à la société commune des hommes, il y a bien plus de commodités que de dommages, de sorte que la plupart se plaisent à la définition de l'homme comme animal politique.
Que les Satiriques rient donc autant qu'ils veulent des choses humaines, que les Théologiens les détestent, et que les Mélancoliques louent, tant qu'ils peuvent, la vie inculte et sauvage, qu'ils méprisent les hommes et admirent les bêtes : les hommes n'en feront pas moins l'expérience qu'ils peuvent beaucoup plus aisément se procurer par un mutuel secours ce dont ils ont besoin, et qu'ils ne peuvent éviter que par l'union de leurs forces les dangers qui les menacent de partout."
L'éthique, Spinoza, idées nrf, Gallimard, traduction Roland Cailloix, p.275, 276.
Mon dictionnaire des idées reçues de 1975.
Je relis toujours avec plaisir « mon dictionnaire des idées reçues de 1975 ». C’est toute une époque qui revit à travers ces quelques rubriques.
Il faut s’appeler Flaubert ou être une très jeune personne pour composer ce genre de dictionnaire. En effet qui d’autre, mieux qu’un adolescent ayant subi, depuis l’enfance, ces conversations d’adultes à la mécanique implacable, animées par un déterminisme sans faille, pour faire un relevé sévère des idées reçues.
L’adolescence est l’âge idéal pour se constituer son dictionnaire, et comme chaque époque mérite le sien, j’en conseillerais la rédaction à toute jeune personne.
C’est un acte, à la fois, thérapeutique, il peut guérir de bien des névroses adolescentes en mettant à distance tout ce qui est répétitif et pesant à cet âge, et révolutionnaire, il fait vaciller bien des certitudes. Un énoncé qui est désigné comme idée reçue devient de ce fait, suspect quant à son rapport à la réalité, et bientôt, c’est l’époque entière, qui peu à peu, semble pouvoir basculer dans ce dictionnaire
Voici donc, ce que pouvait entendre à l'infini un adolescent au milieu des années soixante-dix.
LA PILULE : "Elle a singulièrement raccourci les préludes amoureux. Maintenant les jeunes gens couchent ensemble pour un oui ou pour un non."
HOMOSEXUALITÉ : "Elle se comprend beaucoup mieux chez un homme que chez une femme."
SITUATION : Dire : "Il a une belle situation." Parfois dire : "Il a une très belle situation."
JOB (anglicisme) : Annoncer modestement : "Mon job m'intéresse beaucoup."
FIGARO : Parler du dessin qui est en première page :"As-tu vu le dernier Faizant ? Il est très bon."
CHOMEURS : Tous paresseux, fainéants, étrangers. Tonner contre le gouvernement qui fait de ce pays un pays d'assistés.
CHAINE HI-FI : Indispensable dans un salon.
FEMMES DE MÉNAGE : En parler abondamment. Dire : "Il n'y a plus de vraies femmes de ménage mais elles sont toutes propriétaires de leur appartement, ont une résidence secondaire et roulent en CX.
Établir une hiérarchie serrée parmi les différentes nationalités dont elles sont issues.
NOIRS : Ils ont une forte odeur. Ils font bien l'amour. (V. Blancs)
BLANCS : Les Blancs disent que les Noirs disent des Blancs qu'ils sentent le "cadavre".
GAUCHISME : Ricaner.
BRILLANT : Se dit d'une personne fréquentant une Grande École.
LIVRE : Dire : "Je n'ai jamais le temps de lire." Ajouter : "On n'a jamais le temps de rien faire."
AVENIR : Toujours incertain.
HORIZON : Toujours bouché.
EFFICACITÉ : Une des toutes premières qualités, sinon la première, qu'un homme se doit de posséder. Ne pas confondre avec agitation.
AGITATION : V. efficacité.
INÉGALITÉ : En France, la tolérance à l'inégalité est faible. Le déplorer.
HUITRES : On n'en mange plus, elles sont trop chères. Elles donnent des "hépatites virales".
THÉATRE : On n'y va plus, les places sont hors de prix.
RESTAURANT : On n'y va plus, c'est trop cher. Il n'y a plus de restaurants convenables avec des menus à moins de cinquante francs.
FILM : Toujours trop long. Dire avec un ton modéré : "C'était un peu long."
INTELLECTUELS : Souvent précédé de "race des ... " Dire : "Je ne suis pas un intellectuel, moi !" Mépriser en haussant les épaules tout en faisant une moue désapprobatrice, joindre si possible un mouvement de rejet avec la main.
ÉRUDITS : Plus respectables que les précédents surtout s'ils datent du début du siècle. Plus récents, ils sont tout de même un peu suspects. Dire : "C'est un véritable érudit comme on en faisait au début de ce siècle."
MARCHAIS Georges : On ne voit plus que lui à la télévision.
COMMUNISTES : "Tous les communistes ne sont pas cons, mais tous les cons sont communistes !"
VULGAIRE : "C'est vulgaire !" peut se dire de toute oeuvre artistique ou littéraire que le Figaro n'a pas permis d'admirer.
MONDE (le) : "C'est le plus objectif de tous les journaux bien qu'il soit socialisant."
"On n'a pas le temps de le lire, c'est écrit trop petit."
CIGARETTE : Plusieurs attitudes possibles :
La refuser d'un geste vif et précis - Très chic - signe d'une belle volonté digne d'admiration.
Dire : "Je fume deux à trois paquets par jour !" Exclamation garantie.
BATAILLE : La France n'en a pas gagné une depuis Napoléon.
BOTTIN mondain : Le feuilleter négligemment, de temps en temps s'exclamer : "Tiens, il y est celui-là !" Ajouter : "De toute manière, il suffit de payer pour y être."
GÉNIE : Entre le génie et la folie, il n'y a qu'un fil. (V. folie).
BARBE : Ceux qui en portent une ont quelque chose à cacher.
EXPRESS : "Y avait dans l'Express de cette semaine un très bon article sur ... "
TIERCÉ : Le mépriser, cependant s'exclamer "s'il a rapporté gros".
LOTO : On peut y jouer de temps en temps.
BONNES : Elles ont disparu, elles n'ont laissé que leur chambre.
(V. chambre de bonne)
CHAMBRES DE BONNE : Maintenant occupées par les étudiants ou les fils de famille en mal de liberté et sans le sous.
FÉMINISME : Dire : "Boah ! De toute manière les femmes ont besoin de sécurité."
ASTROLOGIE : Aussitôt après avoir fait la connaissance d'une personne, lui poser la question.
- De quel signe es-tu ?
- Moi, Bélier.
- Ah ! Bien non, je ne m'entends absolument pas avec les Béliers.
NOM de famille : Les jeunes ne se connaissent pas depuis cinq minutes, déjà ils se tutoient, se racontent leurs vies, couchent ensemble, mais ils ne savent même pas leurs noms de famille.
ILLUSIONS : Affecter d'en avoir eu beaucoup. Se plaindre de ce qu'on les a perdues. ( in Dictionnaire des idées reçues. Se dit toujours dans les mêmes termes et bien après Flaubert. Etonnant non! )
HAINE : Pour le Figaro, est coupable d'exalter la haine (de classe) toute oeuvre artistique ou littéraire qui décrit trop complaisamment les jalousies et les frustrations du pauvre face au riche, qui en toute innocence et parce qu'il le mérite possède de belles voitures, de belles maisons et de belles femmes.
SUBJECTIVITÉ : C'est le domaine des femmes parce qu'elles ont une "vision subjective de la réalité".
OPINION : "De toute manière, chacun a ses opinions." C'est le propos obligé de la maîtresse de maison lorsque la discussion qui roule sur les affaires publiques risque de trop s'envenimer.
CULTURE : Souvent confondu avec la confiture en vertu de ses propriétés d'étalement
On pourra toujours répliquer que si l'une s'étale, l'autre élève. C'est ce genre de propos qui peut vous lancer comme un bel-esprit dans certains milieux et pour plusieurs saisons.
VIDE : Il est avant tout autre considération, spirituel. Le déplorer fortement.
ÂME : De préférence russe. “Ah ! l’âme russe”.
Du côté de chez Bergson
Dans "les deux sources de la morale et de la religion", il écrit : « Il y a un substratum d'activité instinctive primitivement établi par la nature, où l'individuel et le social sont tout près de se confondre.
Par exemple la cellule vit pour elle et aussi pour l'organisme. Elle lui apporte et lui emprunte de la vitalité. Si elle était consciente, la cellule pourrait se sacrifier au tout en se disant que c'est pour elle-même qu'elle le fait.
Pour la fourmi, son activité est quelque chose d'intermédiaire entre son bien propre et celui de la fourmillière ». (p.33-34)
Mais du côté de la société humaine, si la question peut être consciemment posée, c'est la grande différence entre l'homme et la fourmi, elle n'en est pas pour autant résolue : « L'intelligence laisse tant de place aux individus qu'on ne sait plus si la société est faite pour eux ou si les individus sont faits pour elle ». Cette fois, la réponse semble pouvoir basculer vers l'individu mais sans être définitivement tranchée. Loin de là. D'ailleurs, du côté de la nature, pour Bergson, elle se préoccupe bien plus des sociétés que de l'individu. Pour lui, la nature est instinctive.
Ce que Bergson appelle les morales utilitaires (dans lesquelles on pourrait inclure le libéralisme) concentre toute cette question, il écrit : « On sait à quelles difficultés insolubles s'est toujours heurtée la morale utilitaire quand elle a posé en principe que l'individu ne pouvait rechercher que son bien propre, quand elle a prétendu qu'il serait conduit par là à vouloir le bien d'autrui. Un être intelligent, à la poursuite de ce qui est son intérêt personnel, fera sans doute tout autre chose que ce que réclamerait l'intérêt général. Il est douteux que l'intérêt particulier s'accorde invariablement avec l'intérêt général ».
Et effectivement, l'individu, par principe, par définition, n'agit-il qu'en fonction de son bien propre ? A-t-il vraiment une claire conscience de celui-ci ou bien n'est-il pas toujours proche de la fourmi avec une activité qui serait quelque chose d'intermédiaire entre son bien propre et celui de la fourmillière ?
Les morales utilitaires universalisent un être abstrait pleinement intelligent, pleinement conscient de son intérêt personnel et elles l'affublent de surcroit d'une "bonne conscience" puisqu'en recherchant son intérêt personnel, il veut aussi le bien d'autrui !
Pour Bergson, si cet être existait réellement, s'il venait concrètement à voir le jour, avant tout autre considération, il s'autonomiserait. Telle la créature de Frankenstein, il fera sans doute tout autre chose que ce que réclamerait l'intérêt général.
En fait, le libéralisme, (la morale utilitaire) a inventé cette fiction d'un individu pleinement conscient de lui-même et de ses intérêts particuliers. Et à l'inverse, le communisme a tenté de mettre en place cette fiction d'un être collectif, le prolétariat, c'est-à-dire une classe sociale, elle-aussi, pleinement consciente de ses intérêts propres. Et peu importe si ces deux fictions ont bien du mal à passer à travers le crible de la réalité, à s'imposer légitimement sur la scène de l'histoire.
Alors qu'au juste pour Bergson, l'individu s'apparente bien plus à une fourmi consciente d'elle-même, une fourmi intelligente, certes, mais dont la réflexivité partielle le met bien en peine de distinguer, aussi bien dans ses pensées que dans ses actions, ce qui lui appartient en propre et ce qui l'inclut dans un collectif.
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Freud, de son côté, envisage pour ces sociétés d'insectes une évolution qui aurait été arrêtée quand le système se serait stabilisé. Une fin de l'Histoire, donc, pour la fourmilière et autre termitière. Ce qui n'est manifestement pas le cas de la nôtre. Il y a encore tant de glorieuses pages qui ne demandent qu'à être écrites.
Le malaise dans la civilisation de Sigmund FREUD.
Extrait.
Pourquoi les animaux ne donnent-ils pas le spectacle d'un tel combat de civilisation ?
Ah ! nous n'en savons rien. Il est vraisemblable que certains d'entre eux, les abeilles, les fourmis, les termites, ont lutté pendant des millénaires avant de trouver ces institutions étatiques, cette répartition des fonctions, ce strict encadrement des individus que nous admirons aujourd'hui chez eux.
Il est caractéristique de notre état actuel que nous ayons le sentiment qu'en aucune de ces cités animales, ni dans aucun des rôles qui y sont dévolus à l'individu nous ne nous estimerions heureux.
Chez d'autres espèces, peut-être un compromis s'est-il instauré pendant un temps entre les influences de l'environnement et les pulsions internes qui s'affrontaient, de sorte que l'évolution fut stoppée.
L'individu-roi et/ou l'individu je-suis-comme-les autres - éloge de la mollesse
L'individu-reine - photo Gérard Dubois Il s'agit d'une photo anti-Zemmour, lui qui dénonce : " la dictature du bonheur née de la féminisation de la société. Entre l'individu-roi et l'univers,...