Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
éloge de la mollesse

Pour en finir avec le vide spirituel

12 Février 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'individu et la société

Le vide - photo Sylvie Paponnet

Le vide - photo Sylvie Paponnet


Le vide spirituel ! Jusqu'à quand faudra-t-il endurer d'entendre ce lieu commun usé jusqu'à la corde du vide spirituel des sociétés sorties du religieux, qui péchent par leur matérialisme et leur consumérisme.
Cette expression quasi-lexicalisée, infiniment ressassée, est censée s'imposer avec une telle évidence, (c'est la force des lieux communs qu'ils ne doivent plus prêter à discussion), qu'à chaque fois que je l'entends ou la lis, invariablement, mes épaules s'affaissent, un obscur et vague sentiment de culpabilité m'envahit, et un vide qui, l'instant d'avant n'y était pas, inévitablement, s'installe dans ma pensée.

Cette expression mériterait de faire son entrée dans le dictionnaire des idées reçues de Flaubert, (pourquoi pas sous cette forme) : 
"Vide – Il est avant tout autre considération, spirituel. Le déplorer fortement."
Pourtant, si je me tourne vers mon esprit, et que j'en prenne une photographie à un instant T, et même aussi loin que je remonte dans le temps, j'y trouve saisi une pleine effervescence (qui l'occupe en totalité). Parfois, je le confesse, quelque chose d'un peu chaotique se dessine, mais alors c'est toujours avec un grand plaisir que je tente de redonner une forme plus organisée à mon esprit.
Si bien que j'en arrive à subodorer que le vide spirituel que beaucoup dénoncent est d'abord et avant tout le reflet de leur propre vie intérieure.

Par contre, je suppute, par un raisonnement qui va du particulier au général, qu'il en va de moi, comme de mes contemporains, et que c'est en premier lieu, l'effervescence de leurs pensées qui est la règle.
Et même, sans m'autoriser à pénétrer dans le cerveau de ces mêmes contemporains, j'observe, de l'extérieur donc, qu'il y a, chez un grand nombre, un immense plaisir à vivre, presque intarissable, et qui est la réfutation la plus élémentaire à ce trop-souvent-invoqué vide spirituel.


Christophe Eloy.

 

Dilthey, dans son Introduction à l'étude des sciences humaines (1883) est sur la même longueur d'onde, ça fait plaisir. L'intra-humain est connaissable par moi du seul fait que je sois moi.

Les difficultés que pose la connaissance d'une simple entité psychique se trouvent multipliées par la variété infinie, les caractères singuliers de ces entités, telles qu'elles agissent en commun dans la société, de même que par la complexité des conditions naturelles auxquelles leur action est liée, par l'addition des réactions qui s'amassent au cours de nombreuses générations (...)

Pourtant ces difficultés se trouvent plus que compensées par une constatation de fait : moi qui, pour ainsi dire, vis du dedans ma propre vie, moi qui me connais, moi qui suis un élément de l'organisme social, je sais que les autres éléments de cet organisme sont du même type que moi et que, par conséquent, je puis me représenter leur vie interne. Je suis à même de comprendre la vie de la société.

Le plein - photo Sylvie Paponnet

Le plein - photo Sylvie Paponnet

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article