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éloge de la mollesse

Aux racines du mal - le complotisme

2 Décembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Complotisme

Idéologies - Régine Gaud

Idéologies - Régine Gaud

 

Le complotisme postule l'unicité du mal. Tous les maux de la société s'accumulent, sont liés, reliés, entremêlés. La courbe du complotisme est toujours hyperbolique.
Toute tentative de déliaison est éminement suspecte. Elle serait d'une naïveté coupable. Le mal gouverne le monde. Un point, c'est tout.
Il offre un monde saturé d'intentions cachées mais assumées et surtout qui sont toujours menées à leur terme. L'imprévu n'a pas sa place. L'hyper-déterminisme  règne en maître.
À ce niveau de malédiction, plus rien de bien ne peut plus émerger. L'unique solution, c'est que le système doit être détruit.
Par exemple, le dernier des justes, celui qui au cours de son existence a su entreprendre, ne serait-ce qu'une seule action juste, et qui par ce simple fait sauve le monde. Inconnu au bataillon. Qui c'est celui-là ?
Non, ce que le complotisme retient : Il y a toujours une classe, un groupe, une nation pour comploter en permanence contre d'autres dans le but de les anéantir. C'est l'état de complot permanent.

Au fond, avec lui, on retrouve une autre main invisible pour tenir par des fils tous les maux particuliers et les réunir en un grand mal commun. De la main gauche, le complotisme, et à main droite, celle toujours aussi invisible mais plus connue du libéralisme. Celle-ci réunit tous les intérêts particuliers et souvent contradictoires en un bien commun. Avec cette main droite, ce sera tout l'inverse.
La main invisible du libéralisme ne peut connaître que le bien. Les inégalités se creusent, la précarité s'installe. Ce sont des dommages collatéraux, un prix à payer, mais aussi un bien à venir
Dans la main invisible du libéralisme, il y a l'art de transformer ce qui peut paraître mauvais en bien. Le bien est une fleur du mal.

Le complotisme est donc (comme le libéralisme) une idéologie. C'est-à-dire une représentation du monde opérée par une structuration psychique et qui propose du futur (à l'inverse des religions tournées vers le passé des origines), néanmoins qui reste à forte composante religieuse, le bien, le mal, et aussi une eschatologie sous forme apocalyptique - un dévoilement, une révélation de la vérité - parce que, à ses yeux, l'ensemble de la société est loin d'avoir conscience de celle-ci. Dans un sens ou dans un autre, le plus grand nombre est manipulé. Comment pourrait-il en être autrement dans la mesure où il offre une telle résistance à la vérité ? 
Dans ces deux idéologies, il y en a qui veulent tenir ce rôle, soit de mettre à jour la vérité du mal universel, soit au contraire de proclamer le bien perpétuel. Les deux sont en fait des facilitateurs de pensée. Je veux dire qu'elles permettent une pensée facile.

 

Pour s'en tenir au complotisme, dont les djihadistes de Daesh seraient excessivement friands, il ne suffit pas de détester, haïr, vouloir détruire une société, encore faut-il avoir de bonnes raisons de le faire pour motiver et légitimer son action, ne serait-ce qu'à ses propres yeux.
Le complotisme en offre d'excellentes, et même la meilleure qui soit. Le mal a toujours existé, de toute éternité, mais surtout, il est ici et maintenant.

 

 

 

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