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éloge de la mollesse

La Libre création

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'instant qui vient

Photo - Gérard Dubois  - L'invention d'un jeu

Photo - Gérard Dubois - L'invention d'un jeu

 

 

Lorsque tu cherches à sortir du bois, il n’est pas rare qu’on te fasse comprendre que tu devrais plutôt y rester.

  Paul Maurice

 

Je suis pour la Libre création. Et à écouter ou à lire la multitude qui fait profession de censeurs, le mot Libre n’est pas un vain mot, on doit l’entendre au sens fort.

S’il fallait suivre tous leurs diktats, ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, même la tête d’une épingle serait un espace trop vaste pour laisser passer la moindre création.

 

Un diktat parmi tant d’autres : « Tous les écrivains doivent être apocalyptiques ! » 

 

Il y a bien sûr le très rabâché : «  On ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments ». À dire sur un ton qui implique qu'à ce jour, il n'existe aucune contre- proposition connue à cette assertion. Mais si malgré tout, on interroge :
― Ah bon ! Mais pourquoi ?
― Parce que.

    ― D'accord.

 

Dans un ordre d'idée un peu similaire, on peut entendre aussi :
 Il n'y a qu'un seul genre de roman à écrire ; le roman crépusculaire. Oui, vraiment crépusculaaaaire. Un roman qui dit la fin d’une époque et où la mort rôde dans chaque page.
 Ah oui, un roman crépusculaire, c'est chic. J'aimerais beaucoup écrire ce genre de roman. Seulement voilà, je me sais incapable d'éprouver sur une longue période un désespoir noir, un désespoir fondateur, vraiment artiste.
Il suffit d'un rien pour me mettre de bonne humeur.
 Ah non, la bonne humeur, non !

 

Ou encore :
 Il y a beaucoup de « je » dans ce que vous écrivez, je, je, je, on n'entend que ça.
 Et alors « je », c'est pas bien ?
 Ah bien non, « je » enfin !

 

Il y a d'autres impératifs auxquels il faudrait également répondre :

 J'ai revu dernièrement un film de Visconti, et bien, quarante ans après, il n'y a rien à changer. Et vous, dans quarante ans, pensez-vous que ce que vous écrivez tiendra encore la route ?
 Oufa, quarante ans, c'est long. Et puis vous savez, tout le monde ne s'appelle pas Visconti.
 C'est bien là le problème.
 C'est sûr.

 

  • Une création idéale devrait donc s'inscrire dans la durée ; ce serait mieux si avec le temps elle ne prenait pas de rides, mais elle devra être aussi l'origine d'une rupture, apparaître à partir de rien de connu jusqu'à elle. Ainsi elle sera à elle-même sa propre tradition, mais une tradition qui ne pourra être partagée avec personne d'autre, puisque règne le diktat suprême, le très définitif, sans appel, et très moderniste : « on a déjà vu, déjà lu, déjà entendu ça cent fois », si bien que l'unique compétence consiste, pour beaucoup de ces censeurs à être capable d'évaluer le degré de nouveauté de la création en question. Et du coup, c'est la légitimité de l'apparition d'une quelconque tradition (collective, cette fois) qui est refusée.

  •  

  • Une dernière objection, une très redoutable peut également surgir. Un ami, il n'y a pas très longtemps, l'a formulée après m'avoir lu. Il m'a demandé : " Je voudrais savoir où tu veux en venir ? ".
    La question m'a pris de court. Bien évidemment. Ensuite, j'ai réfléchi, et je me suis lancé : " Je voudrais, qu'en me lisant, le lecteur se réconcilie avec le monde, peut-être un court instant, juste le temps de la lecture, peut-être le reste de sa vie ! Bien sûr, la tâche semble immense, tant les gens sont à cran, semblent fachés avec lui. Mais bon, au moins, j'aurai essayé. "

 
 
  •       Mais qu’est-ce que tu nous faire

          A quoi tu racontes 

  •      Pourquoi tu dire tout ça ?

 

 

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