Maximilien, reviens !
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Pour trouver l’exploitation, il faut comprendre
que l’immobilité des uns est nécessaire
à la mobilité des autres ; ou encore
que la mobilité des exploiteurs
a pour contrepartie la flexibilité des exploités.
Mon père ardent ça-va-pétiste
nous répétait souvent :
« Cette fois les gars on y est ! »
Si on lui demandait
où est-ce que l’on était ?
Il nous répondait :
« Dans l’mur évidemment.»
On-va-dans-le-muriste,
il l’était également.
Mon père, un fameux attentiste
me répétait souvent :
« Mon gars, à tout vouloir
tout d’suite, tu n’auras rien
maintenant ». D’aut’ fois
il déclarait : « Oh les
contradictions, moi je
m’assois dessus. Y’a qu’une
seule chose qu’elle compte 1
c’est que les choses soient dites
au moment qu’elles sont dites.»
Mon père, fervent robespierriste,
et il y en a encore
sur notre belle planète,
aimait à le citer :
« Nous serons sans pitié
pour les oppresseurs car
nous sommes sans entrailles
pour les opprimés.
Ah ! quand les têtes roulaient
je préfère vous dire
qu’c’était pour la bonne cause.»
Et puis il ajoutait :
« C’gars-là, ce fut vraiment
un sacré patriote,
un immense raccourci. »
Mais les soirs de déprime
il chantait lamento
ce tout petit refrain :
« Maximilien, reviens !
J’ai perdu mon chemin.
Est-ce que ce monde est aimable ?
Parfois je m’y sens bien.
Maximilien, reviens,
j’ai perdu mon chemin
dans les contradictions,
à trop m’asseoir dessus... »
Maximilien revient ! est extrait du "Le désir en toutes lettres", 2013, Christophe Eloy