La Filistrie
Par Witold Gombrowicz, extrait du roman "Trans-Atlantique (entre mazurka et tango)", 1957
Et le Père sur ton dos,
Tu te jettes dans les plaines
comme un poulain sauvage.
Tu prends le mors aux dents
et galopes au hasard
où t’emporte ton regard.
Le Vieux n’en revient pas,
il n’en croit pas ses yeux.
Toi, son fils si docile
qu’il tenait par la bride,
voilà que tu l’emportes,
Tu l’emportes, tu l’emportes.
Tu t’Élances, tu Détales,
Tu fuis très loin d’Ici.
Et un Triste cheval
devient un fier Poulain.
Tu laisses loin derrière toi
la Patrie de ton Père.
Au diable, la Patrie !
Quelque soit ton chemin
Echange la Patrie
contre tout ce que tu trouves.
Échange la Patrie
contre la Filistrie
- le Pays de tes Pairs.
Et alors tu verras
si c’est pas beaucoup mieux,
la Filistrie, la Filistrie.
Et le Père sur ton dos,
Tu te jettes dans les plaines
comme un poulain sauvage.
Tu prends le mors aux dents
et galopes au hasard
où t’emporte ton regard.
Le Vieux n’en revient pas,
il n’en croit pas ses yeux.
Toi, son fils si docile
qu’il tenait par la bride,
voilà que tu l’emportes,
Tu l’emportes,
tu l’emportes.
Tu t’Élances, tu Détales,
Tu fuis très loin d’Ici.
Et un Triste cheval
devient un fier Poulain.
Tu laisses loin derrière toi
la Patrie de ton Père.
Et alors tu verras
si c’est pas beaucoup mieux,
la Filistrie, la Filistrie.