Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
éloge de la mollesse

Christologie (suite)

2 Octobre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Christologie

Piss Christ, 1987 - Andres Serrano

                   Piss Christ par Andres Serrano - Crucifix plongé dans un bocal d'urine

 

" Jésus urine mais ne défèque point. "  - (Concile d'Éphèse, 431) 

Parmi les vingt-et-un conciles qui ont scellé le destin de la chrétienté, celui d'Éphèse (le 3ème) est tout à fait central ; il va statuer sur la nature du Christ.

On a deux thèses en présence, celle de Nestorius, archevêque de Constantinople, et de ses partisans et celle de Cyrille d'Alexandrie, représentant du pape et de la position officielle de l'Église.

Au nombre des arguments en jeu dans le débat, les fonctions physiologiques du Christ ne comptent pas pour rien : "Jésus urine mais ne défèque point" représente la thèse officielle. Contre les Nestoriens, il s'agit d'illustrer la double nature du Christ réunie en une seule personne. À la fois humain, il urine, comme tout un chacun, mais il ne défèque point ; c'est son côté divin. En une seule personne, il est en fait 50% humain et 50% divin.

Alors que pour Nestorius, si le Christ a également une double nature, deux personnes coexistent harmonieusement en lui. L'une humaine à 100% et l'autre divine à 100%. Si bien que du point de vue des fonctions physiologiques, Jésus-Christ, dans sa version humaine, urine et défèque, comme nous tous, et dans sa version divine, il ne fait ni l'un ni l'autre. Pour cet archevêque, et on peut lui donner raison, la nature du Christ ne se divise pas, elle ne se fractionne pas en 50/50 et pourquoi pas dans ces conditions en 40/60 !

Un autre argument engagé dans le débat est celui du nom de Marie. Il est pris dans les mêmes logiques opposées. Pour la thèse officielle, Marie a engendré une personne avec une double nature. Dans ce cas, c'est la nature divine qui l'emporte, et Marie doit être déclarée "Mère de Dieu". Avec Nestorius, Dieu qui est incréé, ne peut pas s'être laissé prendre dans la génération. En fait la question de la naissance est vite résolue parce que Marie a en réalité accouché d'une personne dont la nature est à 100% humaine, tandis que la deuxième personne, dans sa nature divine, déjà là, donc, voletait sans doute autour de la scène. Marie doit alors être appelée "mère de l'homme Jésus".

On le voit, la solution nestorienne est bien plus élégante et séduisante. C'est pourtant lui qui sera démis de son épiscopat, anathèmisé, condamné comme hérétique et à l'exil.

Nestorius m'est sympathique. Déjà rien que pour son nom de Nestorius ! Mais aussi pour ses idées. Il est à ranger dans la grande communauté des perdants magnifiques.

 

 

Additif.

La christologie : étude de la nature du Christ. Chacun d'entre nous devrait en être un peu spécialiste. Tenez, par exemple, il y a aussi les monophysistes ; ils pensent que le Christ n'est en possession que d'une seule nature divine et rien d'autre. Alors ceux-là hérétiques de chez hérétique ! On en croise un dans la rue. Les doigts en croix, tout de suite.

**********

Au 5ème siècle, Jésus est représenté triomphant : "Droit, majestueux, vêtu d'un long manteau royal, les yeux ouverts,  bien vivant et vainqueur de la mort ", Jacques de Landsberg.
Du 6ème au 9ème siècle, il pourra aussi être vêtu d'une longue tunique descendant jusqu'au pied, le colobium. Et là c'est sa nature divine qui affronte la Passion, contrairement aux idées de Nestorius.

 

évangeliaire de Fabula - Christ en colombium, 6ème siècle.

évangeliaire de Fabula - Christ en colombium, 6ème siècle.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
W
Dieu ne défèque point, cependant il n'a pas hésité à faire chier toute sa création !
Répondre