De quoi ?
Comme un objet volant
très mal identifié,
on n’sait pas d’où ça vient,
on n’sait pas où ça va,
ni même à quoi ça sert.
Aucune catégorie
ne semble l’accepter
et pourtant ça existe.
Ça n’demande jamais rien,
ni pourquoi, ni comment.
Ça devrait s’arrêter,
pourtant ça continue.
Mais enfin qu’est-ce que c’est ?
On n’en sait vraiment rien.
Ça pourrait s’avancer,
se mettre en évidence,
mais ça reste en retrait
et très dissimulé.
Rien que de très banal,
ça n’en vaut pas la peine
et pourtant on aimerait
en savoir un peu plus
si bien qu’il ne nous reste
qu’une interrogation
pour sentir qu’il existe.
Une seule question subsiste.
Est-il envisageable
de vivre dans ses parages ?
S’il nous contaminait
et s’il nous transformait,
s’il prenait possession
de notre identité ?
Si c’est le mouvement
qui le caractérise,
ça pourrait bien filer,
mais ça reste immobile,
peut-être paralysé
dans le cri des enfants
le soir le long des plages,
dans cette fin d’été
– sa chaleur étouffante
qu’il rêverait infinie
mais qui le stupéfie.
Si depuis quelque temps
on a perdu sa trace,
pourtant permettez-moi
de me faire l’écho
d’une rumeur persistante.
Ça bouge encore, ça bouge
encore, ça bouge encore,
ça bouge encore, ça bouge
encore, ça bouge encore,
" De quoi ? " est extrait du "Le désir en toutes lettres", Christophe Eloy, 2013