Télérama

Autour d'une immense table ronde qui n'a rien à envier à celle des chevaliers de la table du même adjectif, au point que je ne me souviens pas avoir jamais été assis autour d'une telle table ronde, une quarantaine d'enseignants, pas moins, y ont pris place, comme moi, pour un stage sur la critique cinématographique.

L'animatrice demande à chacun d'entre nous quels sont les magazines culturels qu'il consulte régulièrement pour se faire une opinion sur tel ou tel spectacle. Invariablement revient Télérama. L'animatrice s'amuse du monopole de ce magazine, qu'elle a déjà constaté, dans le milieu enseignant.

Quand vient mon tour, dans un ricanement un peu supérieur, presque méprisant, je déclare que non. Télérama n'est pas mon magazine de prédilection. Pas pour moi, ce qui est vrai, mais suis-je obligé d'utiliser ce ton. Les autres participants me regardent soit par en-dessous soit de travers mais je comprends soudain que leur sympathie à mon égard est compromise .

Christophe Eloy

Extrait de "Toute honte bue"

Recueil de nouvelles à paraître