Je vole / Je m'envole
Et je vole maintenant
avec un couple vassal
accroché à mes basques.
Je convoite la femme
et les installe l'un et l'autre sur mes genoux,
comme en majesté,
moi, assis sur un trône de lumière.
Je suis au regret
d'annoncer au mari
que je vais me débarrasser de lui.
Il doit disparaître pour
que mes projets s'accomplissent,
et pendant cette négociation,
j'entreprends de caresser
l'entre-jambe de la voluptueuse épouse.
Ses soupirs embaument
le ciel tout entier.
Puis comme pris d'un remords,
j'accorde au mari une ultime relation avec sa femme.
Je m'allonge et leur offre
mon corps en guise de couche conjugal.
Il la pénètre sans délai.
Mais les événements ne sont pas fait pour durer,
ils deviennent vite inconsistants.
Me voilà, maintenant,
étendu comme un mendiant
sur un coin de terre.
J'attends ... quoi exactement ?
Je l'ignore. Peut-être
que des hommes d'importance
aient terminé de traiter
des affaires importantes.
Je ne dois pas me montrer à eux.
La futilité de nos distractions
et de nos existences seraient
une insulte à leurs activités inquiètes.
Mais l'ennui qu'ils dispensent est trop fort.
Je me souviens soudain
que j'ai le pouvoir
de me rendre invisible
à leurs yeux. Et je m'envole,
hors de leurs regards,
seul ou accompagné,
je ne sais plus.
Peu importe.
"Je vole / je m'envole" est extrait du "Le désir en toutes lettres", Christophe Eloy, 2013