Jésuite moi-même
- Si tu considères que la volonté d’entrer dans le détail des choses, d’aller dans les plis de la pensée, de mettre à jour des signifiants plus ou moins conscients, c’est du jésuitisme, alors oui, je suis jésuite, et même jésuitissime.
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Pendant toute mon enfance, j'ai entendu ma mère traiter mon père de jésuite. Traiter est le terme exact. Il ne s'agissait pas à proprement parler d'une insulte, mais utilisé par elle, le mot avait tout de même un sens très péjoratif..
Il semble qu'elle savait précisément, en l'appliquant à mon père, quel comportement cela recouvrait, mais elle ne l'a jamais explicité, si bien que je suis toujours resté dans l'expectative d'un sens précis à donner à ce mot.
"Ce que tu peux être jésuite", relevait sans doute d'un sens communément admis, quelque chose comme hypocrite, dissimulateur, excessivement policé, faussement doucereux... Allez savoir !
Le dictionnaire de l'Académie française de 1986 donne de jésuitisme, la définition suivante : " XVIIème siècle. Dérivé de jésuite, toujours en mauvaise part. Se dit de la doctrine religieuse et morale des Jésuites. Fig. Attitude qui manque de franchise, de sincérité, qui dissimule les intentions réelles, c'est du jésuitisme. Le jésuitisme d'une argumentation, son caractère tortueux, équivoque".
Parmi les synonymes du mot, les plus fréquemment utilisés, on trouve, excusez du peu : perfidie, duplicité, hypocrisie, sournoiserie, simulation, mensonge, feinte, cachotterie, comédie, fausseté, fourberie, machiavélisme, tartufferie, astuce, ruse, malice, malignité, rouerie, roublardise, traitrise.
Ma mère avait-elle tous ces synonymes en tête lorsqu'elle traitait mon père de jésuite ? Le tenait-elle vraiment en si mauvaise part ? Je n'ose y croire.
Dieu s'en fout
Mes trop chers frères,
à travers les espaces stellaires,
un message vient
de nous parvenir.
Dieu lui-même
semble nous parler.
Je ne suis pas
son prophète
mais à travers
ce que je comprends
il n’en a vraiment,
mais vraiment
rien à ...
Mes pauvres amis,
si vous saviez...
croyez-vous que
du fond de l’univers
j’ai envie de
m’intéresser
à votre petit
grain de poussière.
J’en ai vraiment
rien à carrer
si la terre ne
tourne pas rond.
J’en ai vraiment
rien à cirer
que vous marchiez
à côté de
vos pompes.
Si vous voulez
de mes nouvelles,
d’une nature
contemplative,
j’interprète
les galaxies.
Voilà comment
je passe mon temps.
J’en ai vraiment
rien à carrer
si la terre ne
tourne pas rond.
J’en ai vraiment
rien à cirer
que vous marchiez
à côté de
vos pompes.
Votre univers
qui s’amplifie,
qui n’connaît pas
la modestie,
un jour ou l’autre
trop à l’étroit
il faudra bien
que je le crève,
d’un coup d’aiguille
ça suffira.
J’en ai vraiment
rien à carrer
si la terre ne
tourne pas rond.
J’en ai vraiment
rien à cirer
que vous marchiez
à côté de
vos pompes.
En attendant,
restez tranquille.
Ayez juste
de l’affection
pour le proche
pour le lointain.
et pour l’inconnu.
et tout ira bien.
Même si j’en ai
rien à carrer
que la terre ne
tourne pas rond.
J’en ai vraiment
rien à cirer
que vous marchiez
à côté de
vos pompes.
Je ne connais pas
votre mesure.
Si vous l’pouvez,
imitez-moi,
mais notez-bien
que je m’en fous.
Je n’vous demande
rien du tout.
Je n’vous aime pas.
Ils nous aiment pas.
Je n’vous aime pas.
Ils nous aiment pas.
Je n’vous aime pas.
Ils nous aiment pas.
Dieu s'en fout paroles :Christophe Eloy - musique, chant, guitare : Mourad Khireche - percussions : E. Ganter : collages - Régine Gaud : photo - Gérard Dubois
"Dieu s'en fout" est extrait du "Le désir en toutes lettres", Christophe Eloy, 2013
Au moins une fois l'an
Au moins une fois l'an,
Il est de bon ton
de citer saint Augustin.
"Dieu qui est éternité ne s'occupe que d'éternité".
et encore,
"La mesure de l'amour, c'est aimer sans mesure"
Musique et interprétation - Mourad Khireche, paroles - Christophe Eloy
Denise (et les autres) au téléphone
Hallucinant ! Ces gens qui apparemment se connaissent n'ont même plus la volonté et a fortiori le plaisir de "se faire la conversation". Il devrait y avoir des lois contre ça.
En fait, dans nos sociétés, on déserte de plus en plus la scène d'énonciation au profit d'un rêve d'ubiquité.
Le face à face, à la fois si exaltant et si traumatisant est ainsi placé directement en concurrence avec une autre situation d'énonciation où les corps sont absentés, mis à distance, comme si, unique vecteur depuis toujours dans la relation humaine, ils pouvaient enfin trouver du repos dans cet évitement.
Irrésistiblement, je pense à ce film de 1996, oh combien prémonitoire : "Denise au téléphone". La bande-annonce se termine par : ............................................PROCHAINEMENT.
Désormais, prochainement, c'est maintenant !
Obsessionnels et hystériques
La meilleure amie de l'obsessionnel : L'eau qui coule à la source. Elle parle sans cesse et jamais ne se répète.
Contrairement à l'idée reçue, nous dirons que l'obsessionnel fuit tout ce qui est de l'ordre de la répétition. C'est là sa véritable obsession. Alors que l'hystérique, lui, se vautre dans la répétition. Elle est son horizon indépassable. Hors de la répétition, rien ne vaut d'être vécu.
On peut donner une dimension philosophique à ces deux versants. L'épicurien fait sienne la formule d'Héraclite : "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve". Son plaisir est là, que chaque jour soit nouveau, alors que le stoïcien veut faire de la répétition une prison dorée. Un lieu dans lequel tout revient toujours au même et où il saura se tenir du mieux qu'il doit. Il en fera même sa vertu.
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Un ton de moraliste : Ça ne peut pas faire tant de mal que ça de se sentir, de temps en temps, un petit peu coupable de quelque chose. Par exemple, d’être ce que l’on est.
L'hystérique n'a jamais honte de rien. Il est tellement persuadé à force de toujours y revenir qu'il ne peut résider que là où il est, que la honte ne peut plus l'atteindre d'aucune manière. Alors que c'est bien elle qui pousse l'obsessionnel à fuir toujours plus loin.
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Principe cognitif : Avec l'intelligence, le problème résolu une fois, doit l'être pour toujours.
Ça, c'est bien une idée d'obsessionnel. Surtout pas de vagues. Une fois et on passe à autre chose. Avant tout, pas de répétition.
Ce qui fait que l'intelligence n'est pas forcément à la fête avec l'obsessionnel. Pour débusquer un problème, elle a besoin de récurrences, que le problème se répète un certain nombre de fois pour pouvoir être identifié. Et ce n'est pas ce type qui ne pense qu'à ailleurs, qui n'a en tête que des commencements qui lui sera d'un grand secours.
Ceci dit, à l'inverse, une fois le problème résolu, l'hystérique ne saura pas s'en satisfaire. Il faudra qu'il y retourne. Avec lui l'intelligence est systématiquement remise en cause. Il y a une insatisfaction de l'hystérique vis à vis du travail de l'intelligence qui est consternante.
Du coup, si on considère que l'humanité est divisée en deux grandes catégories : les obsessionnels et les hystériques (justement), on comprend facilement que pour l'intelligence, rien n'est jamais gagné.
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Mon choix est déjà fait et depuis longtemps : Lorsqu’il faudra choisir entre l’ataraxie (1) épicurienne et l’apathie stoïcienne, je n’hésiterai pas.
Le stoïcien s'obstine à chercher dans la répétition des jours, des preuves de sa vertu. Au bout du compte, ce qu'il récolte, c'est un épuisement, un abrutissement de type apathique.
En revanche, celui qui va par les chemins, le ventre débarassé de toute souffrance, gonflé de sa propre quiétude, atteint à une des formes les plus élevées du plaisir. On l'appelle épicurien.
(1) L’ataraxie (du grec ἀταραξία / ataraxía signifiant « absence de troubles ») apparaît d'abord chez Démocrite et désigne la tranquillité de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie de l’existence. Elle provient d’un état de profonde quiétude, découlant de l’absence de tout trouble ou douleur. Cette notion apparaît à l'époque d'Épicure.
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Désolé, mais à moi, on ne la fait pas : Je ne crois pas du tout à cette histoire de fusion entre les êtres. Parce que, tout simplement, dans le rapport avec l’autre, le réflexe par défaut, c’est NON. Ensuite viennent les oui pourquoi pas, oui peut-être, oui sans doute, on verra…
L'hystérique fonctionne au fusionnel, bien sûr. C'est son carburant. Dans son rapport à autrui, il est preneur de tout ce qui est susceptible d'amplifier sa présence au monde.
Par contre l'obsessionnel regarde cette hypothétique fusion (avec autrui) avec énormément de circonspection.
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Pétanque philosophale. (avec Leyokki Tk )
On considère que le cochonnet, c'est la conscience (dixit Leyokki Tk). Les boules qui gravitent autour de lui : les perceptions.
Lorsqu'une de celles-ci viendra à se coller, jusqu'à toucher ce cochonnet, les joueurs, après les cris d'enthousiasme en usage, se prendront la main et feront cercle autour de cet objet unifié et s'exclameront :
- Pure Réflexivité, Pure Réflexivité (par deux fois), célébrant ainsi cet instant singulier où la perception se révèle être le reflet exacte et comme amplifié de la conscience. Cet instant si rare d'une perception enfin absolument conscientisée.
C'est cet instant privilégié, singulier, à haute teneur qualitative que guette l'obsessionnel. Cette recherche est pour ainsi dire sa raison de vivre, son graal.
Alors que l'hystérique se plaît dans une répétition de type quantitatif des instants de vie. La quantité se suffisant à elle-même. Elle lui procure ce qu'il attend.
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À la terrasse d'un café : Il lui dit : - C'est tout de même formidable. Ta fatigue, toujours légitime, et la mienne, toujours suspecte.
Ainsi va l'obsessionnel. Ses émotions, ses sentiments, ses affects, aussi bien de son point de vue que de celui de l'autre, n'ont pas de formes bien définies. Ils sont plutôt de l'ordre de la page blanche, du recommencement mais chaque fois un nouveau commencement; du surgissement.
L'hystérique, bien sûr, évolue dans le monde des vérités reconnues où chaque affect a un nom et un seul. Et sa fatigue est une fatigue bien réelle, tout ce qu'il y a de plus légitime.
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Le sage et le philosophe.
Le sage de l'Orient incarne la sagesse, il parle à travers elle, pour elle; il en est le porte-parole. Quand il dit "je", c'est la sagesse qui parle, et non plus le sage. Pour la sagesse, le sage utilise cette figure de style qu'on appelle la prosopopée, c'est à dire qu'à travers lui, il la personnifie.
Le sage est le sujet préféré de la sagesse. Ils en viennent à s'identifier l'un à l'autre.
Le philosophe, lui, est comme chacun sait, l'ami de la sagesse, et c'est très différent. Il se contente de la tutoyer, et par ce "tu", il la tient à distance, et ainsi il la constitue en objet de connaissance.
Ses pensées, à son propos, peuvent la transpercer de part en part, l'illuminer d'éclairs, la faire flamboyer. Mais sitôt que sa pensée se retire, elle redevient ce qu'elle est, un astre noir.
À partir des épisodes précédents, on peut logiquement en déduire, me semble-t-il, que l'hystérique est le s...? et l'obsessionnel est le p......... ?
Obsessionnels et hystériques (2)
Oui, bienheureux les définis, car ils n'ont pas besoin de se trouver.
Et merveilleux les indéfinis, car ils créent le monde.
Étienne Magnin
C'est l'obsessionnel qui se préoccupe de la carte. Il a toujours le souci d'établir une relation entre son ici et le lieu de son futur exode.
Pour l'hystérique, seul compte le territoire, puisque c'est celui-ci qu'il investit et emplit de sa présence. Sa seule présence dans l'espace lui suffit pour s'y repérer.
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Il y a la fluidité de la personnalité obsessionnelle et les automatismes du caractère hystérique. Quand les automatismes prennent le pas, il faut commencer à s'inquiéter sérieusement. La vie sera principalement déterminée par ces répétitions. Mais quand la dialectique s'épuise au profit exclusif de la fluidité, les dégats peuvent être là aussi très important. C'est la fameuse liberté sans contrainte.
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L'hystérique devient spécialiste de..., alors que l'obstination n'est pas le fort de l'obsessionnel. Il préfère papillonner.
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Globalement, les hystériques dominent nos sociétés. Les obsessionnels y tiennent un second rôle. On peut penser des groupes humains où ce serait l'inverse. Par exemple, des sociétés nomades ou à tendance nomadique.
Dans les rapports entre eux, l'hystérique a besoin de l'obsessionnel pour lui porter témoignage, pour que celui-ci lui dise la vérité de cette identité construite à travers d'infinies répétitions. Il recherche l'assentiment de l'obsessionnel pour qu'il lui dise que tous ces efforts n'ont pas été en vain. Dans l'autre sens, l'obsessionnel trouve dans l'hystérique ce qui pourra venir combler son vide, son manque.
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En fait, un couple hystéro/obsessionnel a pas mal de chances de bien fonctionner. Et peut-être même plus que des couples hystéro/hystérique ou obsessionnel/obsessionnel. C'est la fameuse complémentarité des opposés.
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Les souvenirs précis ne sont certainement pas l'apanage de l'obsessionnel.
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Comportement de l'hystérique : Dans une situation nouvelle, pour agir, il ne se préoccupera que très peu des détails. Une trop nette attention à ceux-ci risquerait d'entamer sa motivation, son vouloir-faire. Il ne les prend en considération qu'au dernier moment, lorsqu'il est vraiment confronté à eux. Il part d'une vision tout à fait générale, qu'on pourrait appeler politique. Sur le terrain, le technique doit suivre, subordonné qu'il est par la volonté hystérique.
La raison en est simple, l'hystérique évolue toujours en territoire déjà conquis. Les gestes à effectuer doivent être a priori connus. Il suffit de les répéter. La nouveauté n'est pas là pour le surprendre. D'ailleurs, elle est presque fautive.
L'hystérique modélise le monde.
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La modernité est un âge d'or pour l'obsessionnel. Toute une période pendant laquelle chaque artiste, par son geste, doit être en rupture avec ceux qui l'ont précédé. Toute répétition est éminement suspecte. Pour le moderne obsessionnel, la rupture est le moyen qui permet d'éviter la sempiternelle répétition des formes. Sa formule est : rupture avec la répétition.
Seulement voilà, le renouvellement des formes s'épuise, et entretemps, le « ça ne se fait plus », passe dans d'autres domaines comme l'économique et le politique. Et alors, l'hystérique reprend la main. Il mime le mot d'ordre moderne pour mieux l'inverser. Avec lui, la rupture sera privilégiée pour être répétée à l'infini. La formule devient donc : répétition à tout prix de la rupture.
Mais en reprenant à son compte la rupture moderne, il cherche à auréoler son action du prestige de la modernité artistique. Il ne trompe que lui-même.
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Pour que du progrès, dont l'idée même vient à nous manquer, ait lieu, il faudrait la conjugaison des deux formules. Rupture avec la répétition du conservatisme, (formule de l'obsessionnel), et aussi pour pouvoir aller continument de l'avant : Répétition de la rupture, (formule de l'hystérique). En fait, la continuité induite par l'idée de progrès ne peut être prise en compte à part entière ni par l'hystérique ni par l'obsessionnel, c'est donc bien la conjonction de ces deux natures, chacune prise dans leur complétude qui pourra produire du progrès.
Le dernier Woody Allen
- C'est pas son meilleur.
- Rappelle-moi, c'était quand déjà, son meilleur ?
Restrictif
.
Il y a peu, Jean-Luc Mélanchon déclarait : " Avec les communistes, j'irai jusqu'à la mort. Mais attention, je ne ferai pas un pas de plus."
L'esprit d'à propos
Il y a des gens, ils parlent, ils savent donner cette impression qu'ils ont déjà pensé de longue date à tout ce qu'ils sont en train de dire. Leur pensée est sans doute profonde comme un caveau. Chaque idée doit y être rangée, étiquetée avec soin et disponible pour revenir en surface à l'instant précis où elle doit être utilisée dans la parole.
Je trouve ça absolument épatant, je les envie beaucoup ; moi qui appartient à cette vaste communauté des éternels-pris-au-dépourvu, les toujours-recalés-de-l'instant-présent.
A Man Needs A Maid
Album Harvest, 1972
A Man Needs A Maid (Un Homme A Besoin D'une Servante)
My life is changing in so many ways
Ma vie a tellement changé
I don't know who to trust anymore
Je ne sais plus à qui faire confiance
There's a shadow running thru my days
Il y a une ombre qui court dans ma vie
Like a beggar going from door to door.
Comme un mendiant de porte en porte
I was thinking that maybe I'd get a maid
Je pensais que je pourrais avoir une servante
Find a place nearby for her to stay.
je trouverais un endroit pas trop loin pour qu'elle y vive
Just someone to keep my house clean -
Simplement quelqu'un pour tenir ma maison propre
Fix my meals and go away.
Préparer mes repas et s'en aller
A maid - A man needs a maid.
Une servante - Un homme a besoin d'une servante
It's hard to make that change
C'est dur de faire que ça change
When life and love turns strange and old
Quand la vie et l'amour te rendent étrange et vieux
To give a love, you gotta live a love.
Pour donner de l'amour, tu dois vivre un amour
To live a love, you gotta be part of.
Pour vivre un amour, tu dois faire partie de l'amour.
When will I see you again ?
Quand te reverrai-je ?
A while ago somewhere I don't know when
Il y a un moment quelque part je ne sais plus quand
I was watching a movie with a friend.
Je regardais un film avec un ami
I fell in love with the actress.
Je suis tombé amoureux de l'actrice
She was playing a part that I could understand -
Elle jouait un rôle que je pouvais comprendre
A maid - A man needs a maid.
Une servante- Un homme a besoin d'une servante
When will I see you again ?
Quand te reverrai-je ?
06 Neil Young - A Man Needs A Maid (Live at the BBC 1971)
Uploaded by geraldthegorilla14 on 2010-06-01.
L'acmé d'une carrière
À votre service - photo Sylvie Paponnet.
L'autre jour, un petit groupe d'élèves a frappé à ma porte à l'heure de l'apéritif. Ils voulaient avoir plus d'informations à propos de ce que j'avais appelé "le grand dilemme de la princesse de Clèves". Je leur ai dit que ça pouvait bien attendre jusqu'à demain. Non ça ne pouvait pas attendre jusqu'à demain. J'ai donc passé trois bon quarts d'heure à leur expliquer dans le détail "le grand dilemme de la princesse de Clèves". Trop mignon.
À la fin, ils voulaient même un questionnaire à faire pour le lendemain, pour mieux comprendre, m'ont-ils dit. Mais là, j'ai vraiment dit non. Tout de même, il y a des choses qui ne se font pas.
Drive my car
Paroles et traduction de "Drive My Car"
Album – Rubber soul (1965)
Drive My Car (Conduis Ma Voiture)
Asked a girl what she wanted to be
J'ai demandé à une fille ce qu'elle voulait faire plus tard
She said baby, can't you see
Elle a répondu, chéri, tu ne le vois pas ?
I wanna be famous, a star on the screen
Je veux être célèbre, une star de l'écran
But you can do something in between
Mais tu peux avoir ton rôle dans l'histoire
[Chorus]
[Refrain]
Baby you can drive my car
Chéri, tu peux conduire ma voiture
Yes I'm gonna be a star
Oui, je vais devenir une star
Baby you can drive my car
Chéri, tu peux conduire ma voiture
And maybe I'll love you
Et peut-être que je t'aimerai
I told the girl that my prospects were good
J'ai dit à la fille que mes perspectives d'avenir étaient bonnes
And she said baby, it's understood
Et elle a répondu, chéri, c’est tout vu
Working for peanuts is all very fine
Travailler pour des cacahuètes, c'est bien beau
But I can show you a better time
Mais moi je te propose une meilleure façon de prendre du bon temps
[Chorus]
[Refrain]
Beep beep'm beep beep yeah
Beep beep'm beep beep yeah
[Chorus]
[Refrain]
I told the girl I can start right away
J'ai dit à la fille alors je peux commencer tout de suite
And she said listen babe I got something to say
Elle a répondu, écoute, chéri, j'ai quelque chose à te dire
I got no car and it's breaking my heart
Je n'ai pas la voiture, et ça me brise le coeur
But I've found a driver and that's a start
Mais j'ai trouvé un chauffeur, et c'est déjà un début
[Chorus]
[Refrain]
Beep beep'm beep beep yeah...
Beep beep'm beep beep yeah...
Il repassera par là
À la terrasse d'un café, ce que j'aime énormément, c'est voir passer quelqu'un, et le voir repasser en sens inverse quelques minutes plus tard. Parce que là, il me donne des indications sur sa vie, ses occupations, peut-être habite-t-il non loin d'ici puisqu'il va et revient et ne se contente pas de simplement passer. Du coup la foule anonyme me devient pour un court instant plus familière.
Mais ce que j'adore encore plus, c'est quand ce quelqu'un passe dans un sens, et un peu plus tard, repasse dans le même sens ! Parce qu'alors là, comment a-t-il fait ? Comment cela a-t-il été rendu possible ? Soudain, il peut vraiment y avoir du mystère dans ce monde.
Dissidence secrète
Photos - Sylvie Paponnet
Texte - Julie Eloy
En tout cas moi, c'est le petit matin et c'est vrai qu'il faut se perdre là...
Si comme un homme en costume vous arrivez ?
Moi, dans ma flaque, nous serons trempés...
le prix des places n'est pas cher, banal, mais si vous saviez écoutez...
moi, comme lui, on n'écoute plus...
Le bateau s'envole et seule moi ai pu un jour le voir...
le retrouver c'est mon cœur retrouvé et par delà mon esprit...
qui scintille comme il disparaît, voit naître le passé et le présent troublé.
Mais le futur, serrer les dents et n'y voir clair, à chaque coup, c'est la même chose, la même dérive, comment font-ils, le bateau à vapeur et ses rescapés, pour faire de la haute-voltige, de l'ultra-son.
Je reste clouée donc avec ma lanterne, ce serait candide si un jour nos talents se démontraient, se réunissaient...
ciao le plus irréel rêve qui est réel...
si vous paraissez dans le ciel obscur, je retourne dans l'obscurité, d'accord. En tout cas moi, c'est le petit matin et c'est vrai qu'il faut se perdre là...
le spectacle est agité, nerveux, baroque, et l'on a perdu d'avance, la clef de tous les chefs d'oeuvre, c'est de retrouver le chemin par soi-même, d'y voir un chiffre en puissance...
presque à chaque pas, on est dépossédés ! Le saurait-on qu'on manque son chiffre, son numéro, sa naissance, son nom... alors on tremble et on suit ce qu'on n'est pas. Si ce n'est pas le manque
d'inspiration c'est la dimension qui n'est pas respectée. Notre propre corps a des limites, des manières et ce serait injuste pourquoi ne pas dire un crime de nous empêcher d'être nous-mêmes... et il n'y a toujours que de faux-exemples. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'exemple, que c'est nous l'exemple...
Ce spectacle, s'il vous plaisait a des allures funèbres, oui, il nous l'apprend, que serait cette palissade sinon ? Ne le sachant, je m'y suis cachée et sans doute ne m'a-t-il pas aperçue et je ratais cette scène. Je naviguais dans un bateau céleste et je me croyais dans un navire-viking...
mes rêves lointains s'abandonnèrent comme une épave et cela devint un vaudeville avec une lettre au feu, des avions en feu et une brume, me disais-je, interminable...
je préférerais voir un film muet mais le bateau reste toujours un mystère et c'est ce qui nous pousse à vivre et à mourir...
si par hasard vous m'avez vu rêver et que moi le sauriez-vous jamais ?
Ce trouble mais
Je ne le déchiffrais
qu'à l'heure
Ou rêveuse comme rêveur
s'endorment et si se rappelaient
Les jours je les recompterais
Et si comme moi on décelait
Les meilleures données
Rêve ou réalité
Ce serait lié.
L'instinct de l'autre nous surprend comme nous n'en sommes pas sûrs et nous regardons ce miroir comme si nous l'avions finalement attendu … et s'il nous précède l'aveu nous semble incorrigible et s'il est dans nos rêves cela se devine ou se révèle...
malvenu donc de s'abstenir, subsisterait la cavalière qui ne s'est pas présentée et à qui l'on dit adieu.
Qu'il me faudrait alors être désobligée laissant mes cartes dans le feu qu'on croit... et le présent, si c'était mieux... sempiternel...
une vie ne se partage pas mais elle devrait... comme un songe qu'on devient...