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éloge de la mollesse
Articles récents

Vieillir – Quelle histoire !

20 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

photo Gérard Dubois - Attraper la pluie, tenir le monde

photo Gérard Dubois - Attraper la pluie, tenir le monde

 

Autrefois, j'étais juste un point rempli de toutes les virtualités possibles. Mais avec le temps, ma vie s'est étirée jusqu'aux dimensions de l'histoire. Celle-ci, je l'ai accompagnée, observée et également, d'une certaine manière, j'y ai participé. En tout cas, à chaque époque, elle m'a transformé.

 

Au fur et à mesure qu'elles s'éloignaient, et se refermaient sur elles-mêmes, les décennies traversées se sont mises à ressembler à des siècles comme si elles subissaient une dilatation temporelle, chacune avec  ses continuités, ses ruptures, ces renoncements, ses impasses et ses évolutions. Et finalement le vers si fameux de Baudelaire : « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans » ne paraît plus hors de portée de ma compréhension parce que mon âge dépasse largement le simple et mesquin décompte qu'on effectue chaque année à sa date anniversaire.

 

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Pétanque philosophale.

19 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'instant qui vient

Photo Martine Lanos - La voir venir et se prendre une boule en pleine tronche

Photo Martine Lanos - La voir venir et se prendre une boule en pleine tronche

 

  On considère que le cochonnet, c'est la conscience (dixit Leyokki Tk). Les boules qui gravitent autour de lui : les perceptions.
Lorsqu'une de celles-ci viendra à se coller, jusqu'à toucher ce cochonnet, les joueurs, après les cris d'enthousiasme en usage, se prendront la main, feront cercle autour de cet objet unifié et s'exclameront :
  - Pure Réflexivité, Pure Réflexivité (par deux fois), célébrant ainsi cet instant singulier où la perception se révèle être le reflet exacte et comme amplifié de la conscience. Cet instant si rare d'une perception enfin absolument conscientisée.

 

 

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Exoplanètes

18 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'instant qui vient, #Jo LaScience

photo Gérard Dubois.

photo Gérard Dubois.

 

En 1798, Kant dans son Anthropologie pratique en découvre une : « Il se pourrait, écrit-il, que sur une autre planète vivent des êtres dotés de raison qui ne peuvent penser qu'à haute voix ». Sur cette planète kantienne, donc, penser c'est dire, et uniquement dire.

En orbite autour de la même étoile, il existe certainement une deuxième planète où des êtres également dotés de raison ne peuvent penser qu'en écrivant. Pour ceux-là, penser, c'est écrire et uniquement écrire. Elle a ma préférence.

 

Mais il y a une planète, toute proche de la nôtre, dans laquelle l'image a complètement pris la place de la pensée. Une planète où si le langage existait toujours on ne dirait plus « penser » ou « parler » mais « imager » et ce verbe remplirait les fonctions que nous attribuons encore, pour notre part, aux deux premiers.          

Ainsi ses habitants, peut-être encore dotés de raison, échangent-ils aussi bien avec eux-mêmes qu'avec leurs semblables, des images et rien que des images.

Et dans ce monde qui n'est rien d'autre qu'une « société de l'image », cette expression entendue ici au sens plein, est l'image exacte de la société.

 

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Prophétie

14 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Laïcité religion

Photo Gérard Dubois - la saison du Kitch

Photo Gérard Dubois - la saison du Kitch

Au bout du compte, au fin fond de l'histoire, c'est "l'empire" du kitch qui finira par tout emporter. Tous les jours il annexe de nouveaux territoires. Les idéologies, les religions seront balayées par lui. Sous sa bannière colorée viendront se ranger toutes les cultures et chaque génération. 

Le kitch est la forme esthétique qui a le plus de probabilité de s'universaliser. C'est ce que, par exemple, une observation même rapide des réseaux sociaux nous annonce.

 Elle est l'esthétique par défaut, à défaut de toutes les autres.

En effet si on  convertit toutes les formes esthétiques en énergie sur le modèle du deuxième principe de la thermo-dynamique, on peut facilement en conclure que le kitch représente l'entropie maximale. L'énergie kitchéenne est la plus désordonnée, la moins informée, la plus homogène et donc celle dont l'effectuation générale est bien la plus probable. 

Voilà pourquoi "l'empire" du kitch finira par triompher de tout. C'est une certitude quasiment avérée.

 

 

Additif.

Janna M.  Degré zéro de l'esthétique, j'adore ! Je pique et je partage ! Paul Maurice, je trouve ce texte ultra sensible et très proche de ce que les sociétés sont en train de produire à l'état global. Tout devient "esthétique", tout se promet d'être de l'art, y compris la couleur de nos portes de frigo, la forme de nos téléphones mobiles, la taille de nos écrans. Et c'est un kitch assumé par nos sociétés avides de consommation, afin de se remplir de vide et de néant, se délectant de l'Avoir sans rien Devenir ni Être.

  

Nicolas MComment une esthétique ou son degré zéro pourrait-elle balayer une idéologie ?

Paul Maurice  Dans une esthétique, il doit bien y avoir une idéologie sous-jacente, implicite, par exemple pour le kitch, la primauté de l'émotion, du sentiment. Le sentimentalisme est aussi une idéologie. Et c'est justement parce que celui-ci est le degré zero de l'esthétique, qu'en vertu de la 2ème loi de la thermo-dynamique, il aura la supériorité sur celles qui ont une degré 1,4,5 ou 10. C'est à dire qui lui seront plus ordonné, avec une pensée plus sophistiquée.                                        

Or l'entropie dit bien que ce qui possède l'énergie minimale possède la probabilité maximale de s'effectuer, alors qu'à l'inverse, la néguentropie avec une énergie plus importante est moins probable.

Nicolas MPeut-être que je ne vois pas ce que vous désignez par idéologie. Vous semblez parler du consumérisme !(....) Je ne crois pas que le sentimentalisme soit une idéologie, peut-être un outil de manipulation éventuellement. Je ne saurais croire, s'agissant d'esthétique, que le classico-romantisme en musique fasse appel en vain à l'émotion. Plutôt il la met en scène pour nous apprendre à être sensible, pour nous transporter.

Paul Maurice Je dirais qu'une idéologie est un ensemble de croyances et d'idées qui font système, et vous avez raison, si on veut être précis, il convient de distinguer idéologie et esthétique. Mais elles vont souvent ensemble en s'interpénètrant. Par exemple dans les idéologies totalitaires. L'esthétique de ces régimes n'est pas qu'une simple forme, un habillage ; elle est ce qui permet de représenter l'idéologie, elle permet l'adhésion, elle est ce qui la légitime. De ce point de vue elle est tout à fait centrale. 
Alors de quelle idéologie le kitch est-il l'esthétique ? Ce texte ne prétend pas répondre à cette question. Le consumérisme, le matérialisme, le libéralisme, le mondialisme !
Et pour revenir au kitch proprement dit, non seulement l'émotion a la primauté sur tout autre élément, mais surtout l'oeuvre kitch est le produit de cette émotion et en retour elle sera son incarnation. Cette oeuvre est la cause et l'effet de l'émotion, alors que pour les formes esthétiques plus sophistiquées, l'émotion en sera éventuellement la conséquence produite par des éléments bien plus variés.

Michelle B. Paul Maurice merci à vous de toutes ces explications pleines de sens .....

Witold JTrès très bien vu, Paul Maurice, cette énergie   désordonnée, et en même temps la plus homogène. Vous avez des fulgurances. J'avais fait lire à Christine Loys "Boulevard périphérique" d'Henry Bouchau, elle m'avait répondu : << C'est à la fois fouilli et ordonné comme un tableau >>Comment mieux exprimer la peinture ?

  
 
 
 

 

 

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Un filet de flétan

13 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Cinéma, #Laïcité religion

- Ce filet de flétan était assez bon pour Jehovah.

 

À une certaine époque, pour ce genre de propos adressé à sa femme, on pouvait être condamné à la lapidation pour blasphème, simplement parce qu'il contenait le nom de Dieu.
Mais désormais vingt siècles nous sépare de cette époque cruelle. Ouf !

 

 

 

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À propos de l'inerte et du vivant.

8 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Jo LaScience

À propos de  l'inerte et du vivant.

 

Mais la frontière entre le minéral et l’organique n’est pas si infranchissable que cela, par exemple le corail.

Et un jour, au fond d’un océan, à une certaine température, à proximité d’une faille volcanique et avec un peu de soufre, la vie est là ! Pourquoi pas ?


Désormais, on connaît le début du processus, l’élément liquide est une des  conditions nécessaires, et on connaît aussi la fin de ce même processus, son résultat : un organisme mono-cellulaire.
Reste à se focaliser sur le milieu de ce processus, l’apparition de ce même organisme. Et lorsqu’il sera identifié, une forte probabilité, tout de même, il se produira un cataclysme dans la pensée humaine, à côté duquel le satellite qui tournait autour de Jupiter au lieu de tourner autour de la Terre ne sera qu’une aimable plaisanterie. Parce que cela voudra dire que la vie n’est créée que par elle-même, et par rien d’autre, qu'elle s'insère dans une séquence non-interrompue de causes et d'effets et non pas comme une création apparue par la volonté d'un dieu à partir de rien, un miracle à grande échelle, (la fameux miracle de la vie).

 

 

 

 

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Bi

7 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

Collage Régine Gaud

.

 

J’aime les garçons

et j’aime les filles.

Je suis bi.

Au nom de l’égalité,

je suis bi.

Fini les discriminations.

Homo pas beau

Hétéro salaud.

J’aime tout le monde.

Je suis bi.

Je prends date,

dans vingt ans,

dans trente ans,

dans cinquante ans,

Tout le monde sera bi.

L’avenir est bi

ou bien ne sera pas.

 

La bi-attitude.

Soyez bi.

Préparez-vous pour demain.

Soyez bi.

 

La bi-attitude, c’est la béatitude.

Tout le monde est content,

personne sur le carreau.

Tout le monde peut choisir.

Mon désir est tout z’azimut,

il n’a pas de frontière,

il n’a pas de limite.

Je suis bi.

 

Allez, allez, Messieurs-mesdames,

entrez-y, entrez-y !

Préparez-vous à entrer

dans la bi-dimension.

 

 

 

 

 

Bisexualité des stars : la fin d’un tabou

Alors que les célébrités ont longtemps tu leur sexualité, Hollywood se libère et de plus en plus de stars ne craignent plus d’aborder le sujet. D’Angelina Jolie à Lady Gaga, d’Amber Heard à Megan Fox en passant par Cara Delevingne, ces stars-là affirment haut et fort leur attirance pour les deux sexes et abordent leur bisexualité avec sérénité. 

 

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Lire-Écrire

5 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

« Je ne me connais ni malheurs, ni souffrances

qui n’ait survécu à cinq minutes de lecture »

A. Schopenhauer

 

Pendant les cinquante

minuscules années

qui viennent de s’écouler

à une vitesse hallucinée,

je ne sais pas vous

mais pour moi oui,

des lambeaux de jeunesse

me restent collés au visage

qui seront bientôt

emportés par le vent,

mais ce n’est pas mon propos.

Cinq décennies donc,

durant lesquelles

Collage Régine Gaud - des lambeaux de jeunesse me restent collés au visage

Collage Régine Gaud - des lambeaux de jeunesse me restent collés au visage

 

Lire a toujours été

ma continuité

ma ligne directrice

ma rencontre avec l’autre,

avec le monde.

Une expérience générale,

mon arme secrète,

comme un guide fraternel,

un aimant vers lequel

toujours revenir ;

comme une expansion de moi,

sa dilatation et je pense

ma véritable ferveur.

Collage Régine Gaud -  Lire  : une expérience générale, une expansion de moi, sa dilatation

Collage Régine Gaud - Lire : une expérience générale, une expansion de moi, sa dilatation

 

   Mais Écrire aussi,

   alors là !

   Mon utopie à moi,

   mon horizon,

   My Other Land

   réalisé toujours recommencé,

   le pointillé de ces années,

   une marque, une trace,

   une empreinte, un témoin,

   ma vérité – rien de plus

   mais tout de même !

Collage Régine Gaud - Écrire : ma vérité – rien de plus    mais tout de même !

Collage Régine Gaud - Écrire : ma vérité – rien de plus mais tout de même !

   

     Lire-Écrire

   fait comme dans une rue un immeuble en retrait

   qui n’aurait pas été frappé d’alignement.

   Lire-Écrire

   fait ma distance du monde,

   pas les dents plantées dans la vitrine.

   Lire-Écrire

   fait une vie négligée-sacrifiée,

   maintenant elle exige des comptes,

   réclame son dû – une œuvre

   ou tout du moins quelque chose

   qui y ressemble.

Collage Régine Gaud - Lire-Écrire  fait une vie négligée-sacrifiée

Collage Régine Gaud - Lire-Écrire fait une vie négligée-sacrifiée

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Mais qu'y a-t-il derrière une porte cochère ?

2 Septembre 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #En bref, #au regard de l'éternité

 

- Derrière chaque porte cochère, il y aurait, dit-on, l'éternité.

 

photo - Gérard Dubois

photo - Gérard Dubois

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Mes muscles - 100 % naturels

28 Juillet 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

photo - Gérard Dubois

photo - Gérard Dubois

 

Je ne fréquente pas les salles de musculation, je me muscle naturellement. Voilà comment je fais : Je débroussaille, j’élague, je taille dans la Nature. Des lignes, des courbes se dessinent, des volumes se découvrent. S’ouvrent des perspectives. Ah ! C’est sûr, je transpire. Ma sueur abreuve la terre.

Mais le résultat, il est magnifique. Un coin du monde, juste un peu au-dessus de la simple condition des hommes.

 - Non Môssieu, « ce n’est pas ce qu'on appelle du jardinage ». Je sculpte la nature. Le paysage, je le fais mien. Et mon corps aussi. Parfaitement.

 

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Légère et court vêtue

19 Juillet 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

photo Gérard Dubois

photo Gérard Dubois

 

La Fontaine aurait pu écrire :
“Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre passante ainsi chapeautée…”

 

Tout d’un coup, je pense à mon ami Jean Crespi. Je le croisais souvent avec un livre à la main. C’était les Fables. Il les lisait beaucoup. Il en parlait bien. Il en parlait avec ferveur. J’aimais l’écouter.

Et aussi, ça lui plaisait de regarder passer les filles dans la rue. De temps en temps, il les suivait, il leur parlait. Il en faisait des amies.

 

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Au milieu de la nuit

2 Juillet 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #De la poésie

Visite de la poule - photo Gérard Dubois.

Visite de la poule - photo Gérard Dubois.

   

 Par  Albert Cossery, extrait de Danger de la fantaisie, 1946,

 

 

C’était un peu avant

qu’une diarrhée me reprenne

et m’oblige à filer

tout droit vers les latrines

à l’autre bout de la ville.

 

Dans un coin de ma hutte

une poule était là

au milieu de la nuit,

une poule était là

comme je n’en avais plus vu

depuis deux ans et demi

lorsqu’il s’était agi

de fêter ma sortie,

ma sortie de prison.

 

C’était une grosse poule 

au plumage doré. 

Elle était pleine de grâce

et de féminité.

Voir une poule de si près,

il y avait si longtemps !

Nous étions face à face

et j’étais fasciné

par les yeux de cette poule

au plumage doré.

Toute une sensualité

qui semblait me promettre

des vices ignorés

 

Sûr qu’elle va éclater, 

une femme en sortira

en balançant les hanches, 

magique et volupteuses.

Une figure adorable,

un esprit gracieux

surgira de la nuit.

 

 

J’attendais ce miracle,

tressaillant de désir,

mais ma bougie s’éteint,

et dans l’obscurité

mon ventre, tout à coup,

me tord de douleur.

La diarrhée me reprend

et me voilà debout,

filant vers les latrines

à l’autre bout de la ville.

 

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Tangled Up In Blue

1 Juillet 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Des traductions

photo - Gérard Dubois

photo - Gérard Dubois

Tangled Up In Blue (Emmêlés Dans Le Malheur) - Bob Dylan, 1974-75
Album Blood on the tracks, 1975.
    

Early one mornin' the sun was shinin',

Un matin tôt le soleil brillait,

I was layin' in bed

J'étais allongé sur le lit

Wond'rin' if she'd changed at all

A me demander si elle avait tout changé

If her hair was still red.

Si ses cheveux étaient encore roux.

Her folks they said our lives together

Ses vieux copains ils disaient que notre vie ensemble

Sure was gonna be rough

Pour sûr serait dure

They never did like Mama's homemade dress

Ils n'avaient jamais aimé ses robes de ménagère

Papa's bankbook wasn't big enough.

Et le compte en banque de Papa qui n'était pas assez gros.

And I was standin' on the side of the road

Et je me tenais là sur le bord de la route

Rain fallin' on my shoes

La pluie tombait sur mes chaussures

Heading out for the East Coast

Cap sur la côte Est

Lord knows I've paid some dues gettin' through,

Dieu sait que j’ai payé pour traverser tout ça,

Tangled up in blue.

Emmêlé dans le malheur.

 

She was married when we first met

Elle était mariée à la première rencontre

Soon to be divorced

Presque divorcée

I helped her out of a jam, I guess,

Je l’ai aidée à s’en sortir, je crois,

But I used a little too much force.

Mais j‘ai dû y aller un peu trop fort.

We drove that car as far as we could

On a conduit cette voiture aussi loin qu’on a pu

Abandoned it out West

Et on l’a laissée dans l'Ouest

Split up on a dark sad night

On s’est séparé, la nuit était sombre et triste

Both agreeing it was best.

D'accord tous les deux que c’était mieux.

She turned around to look at me

Elle s'est retournée pour me regarder

As I was walkin' away

Moi, je m'éloignais

I heard her say over my shoulder,

je l'ai entendu dire par-dessus mon épaule,

We'll meet again someday on the avenue,

On se reverra un jour sur l’avenue,

Tangled up in blue.

Emmêlés dans le malheur.

 

I had a job in the great north woods

J'ai eu un boulot dans les forêts du Grand Nord

Working as a cook for a spell

Comme cuisinier pendant une période

But I never did like it all that much

Mais je ne l’aimais pas tant que ça

And one day the ax just fell.

Et un jour le couperet est tombé.

So I drifted down to New Orleans

Alors j'ai dérivé jusqu'à la Nouvelle-Orléans

Where I happened to be employed

Où par chance j'ai eu un emploi

Workin' for a while on a fishin' boat

A travailler un moment sur un chalutier

Right outside of Delacroix.

Juste à la sortie de Delacroix.

But all the while I was alone

Mais tout ce temps j'étais seul

The past was close behind,

Le passé était sur mes talons,

I seen a lot of women

J'ai vu pas mal de femmes

But she never escaped my mind, and I just grew

Mais elle n’est jamais sortie de ma tête, et j’étais toujours plus

Tangled up in blue.

Emmêlé dans le malheur

 

She was workin' in a topless place

Elle travaillait dans un endroit à seins nus

And I stopped in for a beer,

Et je m’y suis arrêté pour une bière,

I just kept lookin' at the side of her face

Je ne pouvais pas m’empêcher de regarder son profil

In the spotlight so clear.

Dans l’éblouissement des lumières.

And later on as the crowd thinned out

Et plus tard comme la foule s’éclaircissait

I's just about to do the same,

J’allais faire pareil,

She was standing there in back of my chair

Elle était là derrière ma chaise

Said to me, Don't I know your name ?

A me dire, j'connaîtrai pas ton nom ?

I muttered somethin' underneath my breath,

J'ai marmonné quelque chose dans ma barbe,

She studied the lines on my face.

Elle étudiait mon visage.

I must admit I felt a little uneasy

Je dois avouer que je me sentais un peu en difficulté

When she bent down to tie the laces of my shoe,

Quand elle s’est baissée pour relacer ma chaussure,

Tangled up in blue.

Emmêlée dans le malheur.

 

She lit a burner on the stove and offered me a pipe

Elle a allumé la cuisinière et m'a tendu un joint

I thought you'd never say hello, she said

J'croyais qu'tu dirais jamais bonjour, dit-elle

You look like the silent type.

Tu ressembles à l’homme du silence.

Then she opened up a book of poems

Ensuite elle a ouvert un livre de poèmes

And handed it to me

Et elle me l’a donné

Written by an Italian poet

C'était écrit par un poète italien

From the thirteenth century.

Du treizième siècle.

And every one of them words rang true

Et chaque mot sonnait vrai

And glowed like burnin' coal

Et rougeoyait comme des charbons ardents

Pourin' off of every page

Ca coulait de chaque page

Like it was written in my soul from me to you,

Comme si c'était juste écrit dans mon âme de moi vers toi,

Tangled up in blue.

Emmêlés dans le malheur

 

I lived with them on Montague Street

Je vivais avec eux sur Montague Street

In a basement down the stairs,

Dans un sous-sol en bas des marches,

There was music in the cafes at night

Il y avait de la musique dans les cafés le soir

And revolution in the air.

Et de la révolution dans l'air.

Then he started into dealing with slaves

Alors il a commencé à trafiquer avec des esclaves

And something inside of him died.

Et quelque chose est mort en lui.

She had to sell everything she owned

Elle a dû vendre tout ce qu’elle possédait

And froze up inside.

Et le froid l’a figée de l’intérieur.

And when finally the bottom fell out

Et quand à la fin le sol s’est écroulé

I became withdrawn,

J’ai été entraîné,

The only thing I knew how to do

Mais là, je savais comment faire

Was to keep on keepin' on like a bird that flew,

Encore et encore, être un oiseau qui vole,

Tangled up in blue.

Emmêlé dans le malheur

 

So now I'm goin' back again,

Alors, maintenant que je reviens une fois de plus

I got to get to her somehow.

Il faut la retrouver d'une façon ou d'une autre.

All the people we used to know

Tous les gens qu'on connaissait dans le temps

They're an illusion to me now.

Ils sont une illusion pour moi maintenant.

Some are mathematicians

Certains sont mathématiciens

Some are carpenter's wives.

D’autres ont épousées des charpentiers.

Don't know how it all got started,

Je ne sais pas comment tout a commencé

I don't know what they're doin' with their lives.

Je ne sais pas ce qu'ils font de leurs vies.

But me, I'm still on the road

Mais moi, je suis toujours sur la route

Headin' for another joint

En direction d'un autre endroit.

We always did feel the same,

On sentait vraiment la même chose,

We just saw it from a different point of view,

Qu’on voyait juste d’un point de vue différent,

Tangled up in blue.

Emmêlés dans le malheur

 

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Notre folie

30 Juin 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Witold Gombrowicz, #L'individu et la société

Où finit mon moi, là commence mon dévergondage - photo Gérard Dubois

Où finit mon moi, là commence mon dévergondage - photo Gérard Dubois

par Witold Gombrowicz, Le mariage, 1948 

 

Henri :

 

Peut-être on m’a donné un ordre,

peut-être on m’a envoyé faire

une chose que je n’ai pas souffert.

 

Mais non, il n’est pas une chose

qui ne puisse m’arriver

- tout et même plus que tout

est possible ... A quelles folies

n’ai-je pas déjà pris part ? Oh ...

Même si j’avais été le plus sain...

le plus sage ... le plus équilibré,

les autres m’auraient pourtant

obligé à des actes horribles

meurtriers et aussi

déments, idiots, effrénés...

Une simple question se pose :

quelqu’un qui pendant des années

accomplit la tâche d’un fou

n’est-il pas réellement fou ?

A quoi bon être sain

si mes actes sont malades ?

 

Mais ceux qui m’ont obligé

à ces folies étaient

également sains Et

sages Et équilibrés...

Amis, camarades, frères,

tant De santé Et un

comportement si malade ?

Tant de sagesse Et

tellement de folies ?

Tant d’humanité Et

tellement d’inhumanité ?

 

Et à quoi sert que chacun,

en particulier soit

tout à fait lucide et sage,

équilibré, si tous

ensemble nous ne sommes

qu’un fou gigantesque, qui

avec furie se roule,

se rue, se tord, se précipite

et hurle les yeux bandés.

Notre folie

est en dehors

de nous, à l’extérieur...

Là, là, là, là... à l’extérieur.

Où finit mon moi, là

commence mon dévergondage.

Et même si j’habite en moi

paisiblement,

j’erre cependant au dehors

et dans les espaces obscurs et sauvages,

je me livre à l’infini...

 

Et même si j’habite en moi

paisiblement,

j’erre cependant au dehors

et dans les espaces obscurs et sauvages,

je me livre à l’infini.

 

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Célébrité anonyme

29 Juin 2015 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'instant qui vient

Célébrité anonyme

Ce sont ceux qui se font un nom qui renvoient le reste de l'humanité à l'anonymat.

 

Avec Gérard Dubois cette opposition s'estompe.

Où que vous soyez, en quelques points de la planète, souriez, vous êtes susceptibles d’être photographiés par lui.
Il va faire de vous une célébrité anonyme, et sans doute, ne le saurez-vous jamais.
Si vous souhaitez entrer dans le cadre de son appareil, ne vous enfoncez pas dans un coin de nature, vous aurez peu de chance de croiser son objectif. Arpentez plutôt nos cités, choisissez comme décor, les rues, les trottoirs, les murs, les commerces, les places. Utilisez tous les objets possibles qui façonnent notre univers urbain.
N’hésitez pas à vous mettre en scène dans une situation humoristique, cocasse, grotesque, ou encore, soyez-vous même, tout simplement, et le hasard s’occupera du reste.
De toutes les façons, l’échange entre vous et son appareil est là, en puissance, quoi qu’il arrive.
Et si cette virtualité devient une réalité, (vous venez d’être photographié par Gérard Dubois), alors vous appartenez désormais à un monde saturé de présence humaine où chacun est entré pour offrir sa singularité.
Même la nature, dans les rares cas où elle occupe le cadre, témoigne de cette présence. Un fauteuil, une route, l’ombre d’une silhouette.

En fait, Gérard s’accroche à l’autre. Et vous êtes cet autre, fuyant plus que passant, qui peut lui échapper en une fraction de seconde. Si c’est le cas, il ne vous en voudra pas forcément, mais soyez sûr qu’il le regrettera.

Quels sont les lieux de cette quête. Toulon, que son œil parcourt dans tous les sens, mais toute ville est a priori éligible. Nice, Marseille, Cannes, Arles, Paris, Buenos Aires, Montevideo, et tant d’autres.


Et dans toutes ces villes, il s’agit de capturer un instant présent parmi l’infini des instants présents qu’elles offrent. Mais ce n’est pas uniquement s’accaparer une part de la beauté qui réside en lui, c’est aussi et surtout lui donner une forme signifiante qui justement le constituera pleinement en instant présent.


Christophe Eloy

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