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éloge de la mollesse
Articles récents

La petite fille au chapeau gris

6 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

Régine Gaud (collage 2014) - La petite fille au chapeau noir

Régine Gaud (collage 2014) - La petite fille au chapeau noir

 

La petite fille au chapeau gris

qui se rit des intempéries

en escarpins de satin blanc,

qu'elle soit joyeuse ou d'humeur noire,

elle devra bien passer le pont

en escarpins de satin blanc,

surmontés d'un voile de tulle.

Qu'elle aille en ville ou dans les prés

avec une robe à danser

en pied de poule et postulat

faire du garçon le mari

et des prétendants les amants,

la petite fille au chapeau gris

en escarpins de satin blanc,

qui se rit des intempéries,

elle devra bien passer le pont.

 

 

 

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Gédéon

5 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

Régine Gaud (collage 2014) - Au nom de la lutte contre la tyrannie.

Régine Gaud (collage 2014) - Au nom de la lutte contre la tyrannie.

 

 

–  J’ai des Hongrois dans ma baignoire

et un amant dans mon placard.

Depuis que j’l’ai mis en morceaux

les étagères sont mieux rangées.

Faut-il vous parler de mon armoire ?

C’est une armoire en bois verni

– bois verni et portes-miroirs.

Mais faut-il vous parler de mon armoire?

 

Cette armoire où repose mon amant,

cet amant par mes soins découpé.

Comment s’appelle mon amant ?

Mon amant s’appelle Gédéon.

Mais comment parler d’UN amant

puisque mon amant est multiple.

J’ai multiplié mon amant

mais je ne m’en trouve pas

vraiment mieux.

 

– Vos amants s’appellent Gédéon,

mais les Hongrois me direz-vous,

expliquerez-vous la raison

de leur place dans votre baignoire ?

 

–  S’il est bien vrai que j’ai des Hon-

-grois dans ma petite baignoire,

j’aurais vraiment trop de peine

à remonter dans ma mémoire.

Ils ne devaient rester qu’un week-end

mais voilà que depuis des semaines

ils y sont comme des âmes en peine.

Quant à savoir pourquoi Gédéon

a fini sa vie en morceaux,

j’en connais parfaitement les raisons.

Gédéon, ce fut une erreur,

Gédéon n’en valait pas la peine

et d’ailleurs rien que pour son nom,

ce drôle de nom de Gédéon,

il méritait qu’on le découpât

et qu’ensuite on le rangeât

en petits morceaux bien cubiques

dans cette armoire gédéonique.

 

 
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Qui de nous...

5 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

Régine Gaud (collage 2014) - Dans le chant de ma … mélancolie.

Régine Gaud (collage 2014) - Dans le chant de ma … mélancolie.


Tous ces visages et tous ces vous
entrecroisés et entr’aimés.
Avant vous, je suis seul
comme un enfant,
et j’attends tout de vous.
Après vous, une même solitude,
mais augmentée du poids de vous.

Rien n’a tenu.
Nous n’avions pas un monde pour nous.
Mais qui de nous porte le deuil sinon moi ?


 

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Paranoïa et hystéria

5 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Dans cette ville, #En bref

 

 

Paranoïa et hystéria sont les deux mamelles de la tyrannie.

 

Paul Maurice

Photo F. Manse

Photo F. Manse

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Bobo qui es-tu ? - par Jean Crespi

4 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Jean Crespi

photo Gérard Dubois - Benjamin... depuis 1933

photo Gérard Dubois - Benjamin... depuis 1933

 

 

Un soir Bobo entre en un bistro comme il y en avait tant, comme il y en a encore à Paris. Au comptoir – il est 19 heures – c'est petite côte ou pastis ; en salle ou en terrasse bière, pression. Bobo lui s'assied, demande ce qu'il y a comme rouge, comme sortes de rouge : faisant entrer ici, en ce lieu où il n'y a qu'une sorte de vin rouge, ce petit côte du rhône un peu rude, faisant entrer ici l'amateur de vin rouge... Bobo aime l'ambiance de cette salle, où se mêlent alcoolique mélancolique et silencieux / mélancolique bruyant cherchant compagnie / femmes âgées aimant la vie et le mauvais vin / artisans ayant fini leur journée / pères de famille retardant l'heure de rejoindre la famille.

 

Sa présence déjà, Bob ne le sait pas encore, transforme le lieu ; il va revenir, il ne le sait pas encore, avec des amis dont certains comme lui aiment parler de vins longs en bouche avec notes de réglisse et de fruits rouges, et léger arrière-goût de cannelle ; il ne sait pas encore le changement de direction de l'établissement, dont les vieux patrons, cédant les murs à un jeune couple, se retirent dans leur Corrèze natale.

 

Voilà ça s'est fait comme ça à partir du moment ou bobo est entré dans ce café, Bobo n'est responsable que de ça, d'être entré dans ce café. Vous saurez qu'il aime la mixité sociale, qu'il aime l'ambiance populaire, et si les amis de bobo sont ingénieurs du son, profs de lettres (en fac), informaticiens ou artistes fauchés, Bobo n'y est pour rien car – notez cette remarque sociologique – si on choisit ses amis on ne choisit pas le milieu de ses amis...
Mais revenons à notre bistro : dans sa version ancienne, on rencontrait parfois des racistes, ou des nihilistes genre moi je dis que les politiciens sont tous pourris. Aujourd'hui le propos est plus amène.

 

Revoici donc ce café qui changeant de patron a changé de nom, revoici donc Bobo ; il est avec sa copine et un couple d'amis. De quoi parlent-ils : Eh bien de toutes sortes de choses : de musique, d'informatique, de vacances, d'une expo à la pinacothèque, de p'tits restos, de tout ce que vous voudrez... Mais ce qui revient toujours, incontournable comme on dit maintenant, c'est le prix du mètre carré à Paris. Bien que plutôt satisfaits de la vie en général nos quatre amis ont, eurent ou auront un problème de logement. Ras le bol d'un loyer exorbitant pour un logement exigu, acheter est la seule solution, bien que d'épais nuages obscurcissent le ciel de ce paradis à venir (le paradis n'est-il pas toujours à venir) : sur les quatre qui sont là (une enquête sociologique le révèle), un seul est en Cdi, deux sont en Cdd, le dernier au chômage. Seul Paris semble convenir à nos amis : pas question de se taper trois heures de transport par jour, mais ils envisagent sans appréhension d'investir dans un ghetto parisien où s'agglutinent des populations anciennement ou nouvellement immigrées – et même cette perspective leur plaît va savoir pourquoi remarquons seulement – étude sociétale, sociologique, anthropologique ? – qu'ils ne sont pas racistes.

 

Nous l'avons vu, malgré son potentiel, bobo, à l'heure qu'il est, ne roule pas sur l'or – un jour peut-être... Je passe donc sur les obstacles à franchir – alors que vertigineusement grimpent les prix de l'immobilier – pour obtenir de la banque l'octroi d'un prêt ; sur les concessions auxquelles il doit se résoudre – l'humiliation de solliciter les parents pour l'apport personnel – je passe... Retrouvons bobo alors qu'à l'accès à la propriété il a franchi les obstacles.

 

Eh bien il en est du logement comme du bistro, l'arrivée de Bobo dans le ghetto transforme : là où se dégradaient les parties communes là où dangereusement pendaient les fils là où les incendies succédaient aux inondations Bobo impose la loi d'une copropriété bien gérée. Ces fils qui pendent, ces tuyaux qui fuient, ces fissures ouvertes comme des menaces, ces caves inondées envahies par les rats : terminé ! Bobo va assainir, régulariser, consolider, moderniser. Un local à vélos sera installé que considéreront avec circonspection les locataires immigrés ; et Bobo ayant osé le ghetto, les bobos suivront, ils sont déjà là : dans le quartier se sont installés des créateurs de mode, une cave à vins, un salon de thé proposant un brunch, oui un « brunch » dans le ghetto. Bobo peut-il – moderne magicien – transformer tout ce qu'il touche...

 

 

Mais qui est Bobo ? J'aurais dû commencer par là, par répondre à cette question alors que comme tout un chacun j'emploie ce terme sans être capable de le définir. On pourrait comme mon ami Ialoi – un philosophe – dire que bobo c'est l'autre, jamais – sauf négligeable autodérision – moi. Certes on ne se définit pas par ce qu'on pense de soi-même. Le radin est-il celui qui se se dit radin, non c'est celui que les autres déclarent radin parce qu'au moment de payer il compte au bistro avec lenteur et difficulté un petit nombre de pièces dont la somme est toujours inférieure à celle de l'addition.

 

Mais avec Bobo il s'agit d'autre chose que d'un trait de caractère on est – au moins pour partie – dans un problème d'appartenance sociale. L'ouvrier s'affiche comme tel, et le paysan, et l'artisan ; le bourgeois même s'il ne clame pas son appartenance ne la nie pas. Bobo qui es-tu ? Les réponses semblent au fur et à mesure qu'on les énonce fuir. Ainsi j'ai laissé entendre que bobo était amateur de vin, de bon vin, mais bobo pourrait fort bien ne pas boire de vin, être un disciple sobre du dieu bio, il n'en serait pas moins Bobo ; j'ai seulement voulu dire que si Bobo buvait du vin il serait amateur de bon vin. Encore une bêtise : Bobo pourrait aussi – c'est prouvé – être celui qui donne une valeur éthique à l'ingestion d'un mauvais vin. J'ai dit que seul Paris convenait à la résidence de bobo ? Erreur encore : à la réflexion il se pourrait très bien que Bobo prit à Montreuil racine, en un point que transformerait sa présence. Ou encore à cinquante kilomètres de Paris, regroupant ruralement ses amis en un ensemble architectural impliquant une vie semi-communautaire. Comme la vérité, la nature de bobo est toujours à construire, se dérobe alors même qu'on l'approche.

 

On dispose pour une sorte de portrait-robobo d'informations diverses concernant ses revenus ses goûts ses mœurs mais au fond c'est l'indéfini qui le définit. C'est pourquoi on ne l'identifie que lorsque, en creux, il apparaît sur un fond d'humains dont le comportement, lui, est assez clairement défini. Par exemple sur un fond de population arabo-musulmane à revenu minimum sa silhouette se précise, comme au bistro elle se détachait, ombre chinoise sur fond de clientèle de quartier. C'est donc par opposition au décor humain qu'existe Bobo ; mais peut-on définir quelqu'un par ce qu'il n'est pas ? Sa nature ambigüe Bobo la tient peut-être de l'alliance des deux noms qui ont servi à composer le sien. Bobo qui peut être un simple enseignant de collège (on a même parlé de Rmistes bobos) est-il nécessairement un bourgeois ? Est-il un bohème, c'est à dire une personne menant vie vagabonde sans règles ni souci du lendemain ?

 

En fait ni bourgeois ni bohème, Bobo peut donc être bobo. C'est la magie d'un néologisme né de l'union par trait d'union de deux substantifs. Ce qui hélas ne nous renseigne toujours pas sur la vraie nature de Bobo. Naît-on Bobo, le devient-on, y aurait-il un adn bobo ? A question scientifique réponse incertaine.

 

 

Mais retournons in vivo, retrouvons un peu vieilli Bobo : ils ont madame Bobo et lui décidé un enfant qui a maintenant dix ans. Que souhaite-t-on pour son enfant ? Eh bien le bonheur le bonheur tout simplement, mais le bonheur lui aussi – comme la vérité, comme la nature de bobo – est toujours à découvrir. De nos jours le bonheur passe par l'école, et l'école dans le ghetto, malgré la présence de Bobo ne change pas complètement, pas aussi vite qu'on l'eût cru : subsiste une violence dont MiniBobo peut être victime ; subsistent des Cm2 où le faible niveau peut entraver l'accès à la connaissance. À mieux MiniBobo a droit. Diverses solutions se présentent : l'école privée, religieuse – dernier recours car Bobo et madame sont laïcs ; la dérogation – par ruse ou par relation – à la carte scolaire ; le déménagement... L'enfant limite la liberté de Bobo, qui avait décidé une année sabbatique pour... mais Minibobo, les leçons de violon, la gymnastique vietnamienne, les vacances à cheval de minibobo... Lui-même pourrait dit-il vivre d'un peu de riz et d'oignons crus trempés dans l'huile d'olive mais a-t-il le droit de frustrer Minibobo ?

 

 

On ne voit pas passer le temps c'est dingue : barbe et cheveux de neige, voilà Bobo grand-père. Vieux Bobo est-il encore bobo ? Ça se discute. Il habite toujours au même endroit – il acheta tout l'étage... Mais le même endroit n'est plus le même endroit, les immigrés, maintenant minoritaires, ne sont plus que traces du passé ; les drogués, chassés par les pétitions : père de famille, bobo – après réflexion mûre – a signé (lui s'en fout mais les enfants ont droit à la sécurité). Pourtant Bobo, dans l'ensemble, n'a pas vraiment changé – c'est l'environnement qui... oui mais je vous le demande, fondu dans le contexte, que reste-t-il de bobo ?

 

 

Enfin tout n'est peut-être pas perdu : une des petites-filles de bobo – docteur en physique [section mécanique des sols] – occupe dans les Cévennes une yourte où elle vit d'objets récupérés.

 

 

 

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Christiane - par Jean Crespi

4 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Jean Crespi

photo Gérard Dubois - Épaule nue.

photo Gérard Dubois - Épaule nue.

 

 

C’est alors que je fis, au cours d’une fête organisée par l’aumônier (scolie 1 un aumônier est un ecclésiastique dont la fonction ordinaire fut de distribuer les aumônes de ceux à qui il était attaché, de leur dire la messe, de faire la prière du soir et du matin), au cours d’une fête organisée par l’aumônier du lycée, la connaissance de Christiane (scolie 2 christiane : étymologie grecque khristos, celui qui annonce, messie ; personnalité : elle est avant tout affective. Marquée par la Lune, Christiane appartient souvent au signe astrologique du Cancer et en a les principales caractéristiques : imaginative, réceptive, d'une intuition souvent impressionnante, elle est éprise de magie et de merveilleux. Se montre impulsive, capricieuse, colérique, impatiente. Trop pressée car passionnée elle a tendance à mettre la charrue avant les bœufs et n'ira pas toujours au bout de ce qu'elle entreprend), la connaissance de Christiane fille grande aux longs cheveux noirs brillants, à  l’éclatante poitrine, aux légèrement exophtalmiques gros yeux sombres.
N’osant parler à une que je ne connais pas, étant assis près d’elle et comme par hasard, je posai ma main droite sur sa puissante fesse gauche (scolie 3 Dérivé du bas latin fissa : la fente ou la fissure, le terme fesse [au singulier] jadis employé pour le sillon ou raie s'est appliqué aux parties de la croupe, passant ainsi au pluriel et désignant alors les deux lobes charnus du corps humain situés en bas du dos, au-dessus des cuisses) ma main droite sur sa puissante fesse gauche, prêt en cas de protestation à m’excuser, de ma maladresse (scolie 4 Qu’attends-tu de mon récit : « Oh je connais le type, le type lugubre. Il aime un bon conte épicé de considérations sociales ; il aime reconnaître ses propres pensées et ses propres angoisses. ») La redoutée réaction ne se produisant pas, j’accentue discrètement ma pétrisseuse pression sur (dans ?) la chair de ma voisine.

L’aumônier-curé cependant propose un jeu musical où à tour de rôle les filles doivent choisir – posant un tapis petit devant lui – un garçon, le faire s’agenouiller, s’agenouiller à leur tour, l’embrasser. Garçon lui même, en soutane mais garçon, le curé est souvent élu. Vient de choisir, le tour de Christiane. Simulée ou authentique, l’hésitation – qu’elle prolongea – suscita mon angoisse ; après une réflexion courte devant un autre, elle s’arrêta, immobile sauf la palpitation de ses seins (scolie 5 symboles de séduction, les seins sont les attributs de la féminité par excellence. Le sein est enveloppé d'une couche de tissus adipeux qui lui donne sa consistance souple et sa forme, ainsi que de tissus glandulaires et de tissus fibreux. L'intérieur est constitué de vaisseaux sanguins, de nerfs, de canaux galactophores, de cellules graisseuses, et de glandes. Le tout repose sur le muscle grand pectoral, qui contribue surtout aux mouvements du bras) elle s’arrêta, immobile sauf la palpitation de ses seins dont un serré pull accentue le relief, comme indifférente, devant moi. Le relâchement de tension qui s’ensuit me laisse presque sans réaction quand je reçois d’elle un posé au coin de la bouche baiser (scolie 6 un baiser est un contact volontaire rapproché, de durée variable, des lèvres sur une autre matière. D'une manière générale un baiser désigne l'échange mutuel et désiré d'un contact labial, sans toutefois s'y restreindre. On distingue en particulier les baisers sur la joue [ou bises] – amicaux – des baisers amoureux, sur la bouche [voire sur d'autres parties du corps]. Le substantif « baiser » ne doit pas être confondu avec le verbe « baiser » qui, de manière familière, désigne l'acte sexuel). Je reçois d’elle un posé au coin de la bouche baiser. Chacun revint s’asseoir. De ma chaise Christiane rapproche sa chaise, je passe un bras, le droit bien sûr, autour de ses épaules.

Et maintenant ? S’arranger pour la revoir ! L’ayant touchée, oserai-je lui parler (scolie 7  parler :  articuler les sons de la parole : ça y est ma fille parle ; briser le silence : mais parle, dis quelque chose ; exprimer par la parole : un problème, parlons-en ; s'exprimer d'une certaine manière : je lui ai parlé – dans les yeux ; s'exprimer dans une certaine langue : parler le bas breton ; être touché par : le rock ça me parle ; avouer : si tu parles le procureur en tiendra compte) oserai-je lui parler ? Je suis, dégageant mon bras droit, sur le point de le faire ; elle ne m’en laisse pas le temps, décide de l’heure et du lieu où demain nous nous verrons. Frustré de l’initiative je lui en veux un peu, pressé maintenant de me retrouver seul pour savourer cette sur moi-même sur christiane sur le monde victoire. Le souvenir de la plasticité sous ma main de sa fesse alimente mon désir (scolie 8 comme la conscience, le désir est cette négativité qui dévalorise l'être-là, donné, au profit de l'absent, l'être à venir : le désir n'est donc pas de l'ordre de l'avoir puisqu'il suffit d'avoir pour ne plus désirer ce qu'on a, mais de l'ordre de l'existence, qui aspire à la plénitude de l'être sans jamais pouvoir l'atteindre parce qu'elle cherche dans l'absence ce qui ne peut être donné que dans la présence), la plasticité sous ma main de sa fesse alimente mon désir, génère cette impression d’être devenu un autre ; un regret pourtant –  j’oubliai de l’embrasser. Un oubli, voilà tout, mais le souvenir de la soirée en est un peu gâché.

A telle heure à tel endroit le lendemain nous nous retrouvons. Comme si c’est l’hiver il fait froid, mettons que c’est l’hiver. Elle porte un beige manteau qui atténue ses formes ; je dis Il fait froid elle approuve. On se dirige vers le square (dont les frondaisons entrelacés forment un tunnel de verdure) on s’assoit sur un banc, laissant 0, 60 mètre entre nous; malgré le froid elle enlève son beige manteau, et ses seins, toujours moulés dans son chandail, surgissent. Elle est, dit-elle, la fille du pharmacien de la rue Emile-Gaboriau (scolie 9 fils de notaire, Emile Gaboriau naît en 1832 à Saujon, en Charente-maritime. La famille migre un an plus tard à l’île d’Oléron, puis à La Rochelle en 1837. Emile suit des études à Tarascon-sur-Rhône puis à Saumur. Il est enthousiasmé par les Histoires extraordinaires d’Edgar Poe, que Baudelaire traduit en 1856. Il s’établit à Paris en 1856, écrivant pour le journal La Vérité et devenant secrétaire/nègre de Paul Féval. Cela lui permet de tâter du roman-feuilleton. En même temps, il fréquente morgue, tribunaux et prisons pour y chercher des sources d’inspiration. Il décède en 1873 – au 39 de la rue Notre-Dame-de-Lorette, 75009 Paris) Elle est, dit-elle, la fille du pharmacien de la rue Emile-Gaboriau. Puis le silence... Elle semble attendre chose de moi quelque, moi aussi j’attends quelque chose de moi. Comment paraître quelqu’un d’autre, surprendre étonner Christiane, et moi-même ; je ne sais si ou non j’ai toujours envie de la toucher. J’ai voulu m’habiller bien mais me sens comprimé dans mon trop petit veston. Alors, malgré moi : Pourquoi on pense ce qu’on pense ? ça m’est venu comme ça, et maintenant je suis inquiet. De ses gros yeux exophtalmiques, elle, d’un regard que je trouve vide me regarde. Oui pourquoi on pense ce qu’on pense ? Et voilà qu’ignorant ma question elle se dit très heureuse que je l’aie hier touchée. Evoqué, le souvenir du geste m’effraie, m’empêche de le renouveler. Vêtues d’un blazer bleu et d’une jupe écossaise des adolescentes – sans doute les élèves d’une proche privée et non mixte institution religieuse – passent près de nous... Une grande maigre se retourne : Alors les amoureux ! elle rit – un peu bêtement  (scolie 10 Descartes dans une lettre célèbre[à Chanut, 6 juin 1647] raconte comment étant jeune la première fille qu’il aima louchait. Dès lors il fut attiré par toutes les filles qui avaient un strabisme ; c’était une sorte de réflexe conditionné, quelque chose d’irréfléchi qui ne relève pas de la connaissance, puisque les qualités de l’être sont complètement laissées à l’écart.  « Ainsi, écrit-il à Chanut, lorsque nous sommes portés à aimer quelqu'un, sans que nous en sachions la cause, nous pouvons croire que cela vient de ce qu'il y a quelque chose en lui de semblable à ce qui a été dans un autre objet que nous avons aimé auparavant, encore que nous ne sachions pas ce que c'est. ») Alors les amoureux !  elle rit – un peu bêtement. Un enfant nous prend en photo. J’ai l’impression qu’on me décide, d’être décidé par les passants du square. Un chien maintenant s’approche flaire, presque obscènement, Christiane, qui rigole. Une élégante femme appelle le chien, excuse sa familiarité, affirme qu’il n’est pas méchant. Jamais les choses comme prévu ne se passent : je prévoyais une séance de cinéma – j’avais même prévu le film – puis de profiter du noir pour enfin – après (ou avant d’) avoir un peu palpé Christiane – l’embrasser, et voilà... Maintenant m’accroche dans son propos le mot sensualité (scolie11 la sensualité est l'attachement aux plaisirs des sens. Le mot désigne aussi l'attribut, la qualité, l'acte, l'effet ou l'état de ce qui est sensuel. Ce dernier n'est pas obligatoirement lié à la sexualité ou à l'attirance sexuelle), Maintenant elle prononce le mot sensualité... la parole est tellement plus forte que le geste... Nœud papillon (scolie 12 : « Même pour le simple envol d’un papillon le ciel tout entier est nécessaire » Paul Claudel) Nœud papillon feutre noir, un dandy, après un regard appuyé sur les seins de Christiane,– me supposant veinard – me fait un clin d’œil.
Voilà – j’ai subrepticement regardé ma montre – six minutes et demie qu’aucune parole ne fut prononcée ; je ne veux surtout pas mettre un nom sur ce qui entre nous se passe – d’autant que je n’en sais rien... elle sent bon ; comme le chien tout à l’heure – mais plus discrètement, à distance – je la flaire : ne penser à rien d’autre qu’à, aspirer cette odeur d’elle à laquelle se mêle un épicé parfum. Tirant sur sa laisse mais tenu fermement le chien repasse, la femme – se souvenant sans doute – rit en nous dévisageant : c’est beau d’être jeune ! De quoi je me mêle... et Christiane qui veut caresser le chien, non les choses ne se passent jamais comme prévu. Par exemple derrière un gros nuage noir (
scolie 13 Un nuage est constitué de minuscules particules d'eau liquide ou solide ou les deux à la fois qui sont en suspension dans l'atmosphère. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, un nuage n'est pas formé uniquement de vapeur d'eau. Il peut – il doit – comporter également des particules liquides non aqueuses [acides], des particules solides provenant de vapeurs industrielles, de poussières, de fumée) derrière un gros nuage noir le soleil disparut. Nécessairement on allait en parler (voir scolie 7). Je dis Le soleil a disparu. Alors Christiane On pourrait se réchauffer mutuellement, ajoutant que tu comprends ma mère a perdu son pucelage (scolie 14 « Elle se mit sur le ventre, et lui dit : Mon second ami ! pommade-moi. Mon premier ami a eu le pucelage de mon bijou ; il est juste que tu aies celui de ma rosette ; mon papa sûrement m’approuvera ! » Restif de la Bretonne) ma mère a perdu son pucelage à 17 ans ; je viens d’en avoir 16 : mieux que sa mère, une fille doit faire mieux que sa mère. J’ai tout prévu. Adeline la fille des patrons de l’hôtel de la rue du Maréchal-Bugeaud (scolie 15 Bugeaud, s’adressant aux Algériens, déclare dans un discours à la Chambre le 24 janvier 1845 : « J'entrerai dans vos montagnes ; je brûlerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers, et alors ne vous en prenez qu'à vous seuls. » En 1852, la statue de ce guerrier fut inaugurée à Alger, place d’Isly au cœur de la ville. En reconnaissance du rôle joué par le Maréchal dans la conquête de l’Algérie, contre laquelle il dirigea entre 1836 et 1847  cinq expéditions. Il en fut aussi le gouverneur général. En 1844, la bataille d’Isly le vit obtenir le titre de Duc. Sur le site de l’office de tourisme du Haut-Périgord on trouvera [fort instructif bien qu’entaché de fautes d’orthographe], le récit des mésaventures de la statue du maréchal : « Lorsque la France quitta l’Algérie, la statue de la place d’Isly fut rapidement descendue de son piédestal et expédiée à bord d’un cargo, à Marseille. Excideuil (en Périgord) où le souvenir du maréchal était bien vivant s’empressa de la réclamer. Hélas, elle fut en un premier temps attribuée à Albertville. Le maréchal il est vrai, avait été colonel à Grenoble, puis commandant en chef de l’armée des Alpes à Lyon. Or les Excideuillais ne désarmèrent pas. La municipalité bien aidée par un comité de soutien, obtint le retour de la statue dans la ville où il avait vécu et où certains lieux témoignent encore de son existence. Érigée sur la place des Promenades en 1967 elle aurait dû être inaugurée en 1969, mais en raison de la maladie du maire la cérémonie fut annulée. Après avoir été restaurée, la statue put enfin être inaugurée le 20 juin 1999. Et 150 ans après la disparition du maréchal [le 10 juin 1849] Excideuil lui rendit un hommage mérité ») la fille des patrons de l’hôtel de la rue du Maréchal-Bugeaud, Laurette, en l’absence de ses parents nous prête une chambre – dans un quart d’heure, ne perdons pas de temps. A cette précipitation manque sans doute un peu de romantisme, mais la perspective de voir nues ces fesses (voir scolie 3) dont la texture m’émut...

Le spectacle de Christiane dévêtue, de ses globes charnus dont légèrement tremble les masses, me fait moi des pieds à la tête fortement trembler. Du sac de Christiane furent sortis les préservatifs (scolie 16 Vérifiez que l’emballage est intact et que la date limite d’utilisation n’est pas dépassée. Vérifiez également que le préservatif présente la norme NF ou CE, attestant la conformité aux normes françaises ou européennes. Ouvrez l’emballage avec précaution pour ne pas abîmer le préservatif. Avec les doigts ! Pas avec les dents… un peu de contrôle ! Veillez à ne pas endommager les préservatifs avec vos ongles, vos bagues ou tout autre objet coupant). Du sac de Christiane furent sortis les préservatifs dont, fille de pharmacien, elle s’était munie ; de son emballage elle en extrait un, et me saisissant sans hésitation m’encapuchonne habilement.

Depuis Christiane a long time ago je suis par les callipyges attiré (Scolie 17  la Vénus callipyge est un type particulier de statue grecque représentant la déesse Vénus soulevant son péplos pour regarder ses fesses, forcément superbes [kalli  beau, pygos  fesse] par-dessus l'épaule.)  

Depuis Christiane a long time ago je suis par les callipyges attiré.

 (Scolie 18  Un scolie est en géométrie une remarque sur plusieurs propositions, faite en vue d'en montrer la liaison, la restriction ou l'extension. Le terme est utilisé en philosophie : « Dans ce scolie Spinoza répond à quelques objections qu'il se fait faire par ceux qui ne conçoivent pas que la substance étendue soit un attribut de Dieu » [Condillac] Créationniste s’abstenir).

Depuis Christiane a long time ago je suis par les callipyges attiré.

 

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Le mal

3 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Les trains que nous prenons

Photo - G.Dubois  : Les trois piétons de l'Apocalypse

Photo - G.Dubois : Les trois piétons de l'Apocalypse

Il n'y a ni fatalité du mal, ni certitude du salut. (Marcel Gauchet - la  révolution  moderne, 2007)

 

Un jour, vous êtes surpris, plutôt que vous ne la surprenez, par une conversation entre une femme et un homme. Jamais vous n’auriez soupçonné qu’un être humain soit à ce point envahi par l’idée du mal.
 Les mots de cette femme, assise juste derrière vous, vont à partir de votre oreille, se répandre dans tout votre corps et le glacer d’effroi.
 Terrifié comme vous l’êtes, à aucun moment, vous ne vous retournerez sur elle, mais sa physionomie, vous la devinerez. Une capuche, qu’elle porte en toute occasion, comme un signe de pénitence, dissimule une partie de son visage, mais ne parvient pas à cacher des yeux injectés de sang et des paupières rougies par l’insomnie, ultime compagne de cette pauvre créature.

 

─ C'est sombre, c'est obscur, c'est très très noir, c'est le monde. C'est le mal, c'est mal le monde. C'est hanté, c'est possédé, c'est le monde. Le monde, c'est le mal, tout va mal dans le monde. C'est trop mal, le monde. Comment ça va mal, le monde ! Et le mal, c'est mal. Comment c'est mal, le mal. Tout est mal dans le mal. Rien accepter, tout refuser du monde. C'est trop mal, le monde.

─ Moi, j'accepte le monde comme il va mal.

─ Oh, c'est mal. Tu es un monstre, un sale type, un salaud. Tu as du sang dans tes pensées, du sang sur tes mains. Si tu acceptes le monde, tu es un suppôt du mal. C'est mal.

─ Et même parfois, je m'y sens bien.

─ Oh c'est pas bien. Tu adhères au monde comme un serpent, tu es visqueux, huileux, baveux comme un serpent. Le serpent, c'est mal. C'est méchant, le monde, rien de bon dans le monde. Toi, tu es lâche, tu acceptes tout du monde. Je suis sûr que tu acceptes même... tu acceptes même... les canards !

─ Oui, c'est vrai, comment le sais-tu ? J'accepte même les canards dans le monde.

─ Oh la la, c'est mal, les canards. Et pourquoi tu acceptes les canards ?

─ Pourquoi j'accepte les canards !

─ Pourquoi tu acceptes les vilains canards ?

─ Franchement je ne sais pas pourquoi j'accepte les vilains canards.

─ Oh la la, il ne sait pas pourquoi ! Tu ne vois pas, tu n'entends pas, tu ne sens pas, tu ne comprends pas que c'est mal, le monde, que tout va de mal en mal.

─ Tu trouves que c'était mieux avant ?

─ Non, jamais, jamais. Jamais autre chose que le mal. Au fait, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à te voir, toi qui trouves que tout va mal comme il faut.

─ Franchement, c'est toi qui vois.

─ Moi qui suis l'envers du mal. J'ai mal - à quel point tu ne vois pas comme c'est mal. Souvent, je crie, je hurle, je trépigne. Je voudrais qu'on se sente coupable de ne pas penser que le monde, c'est mal. Tu te sens coupable ?

─ Peut-être un peu.

─ Ah!

─ Mais pas beaucoup.

─ Mais même un petit mal est aussi mal qu'un grand grand mal. Une crotte de chien sur le trottoir, la guerre, dans les deux cas, c'est le mal. Parce que je sais, je sais qu'un petit mal va entraîner inévitablement un grand grand mal, et toi qui acceptes un peu, en fait tu acceptes tout. C'est mal mal mal. Il faut rester pur, tu m'entends, il ne faut pas se mélanger au mal, il ne faut pas se laisser contaminer, c'est mal. Et toi, tu te laisses contaminer. Dans quel camp es-tu ? Un jour, il faut rêver, le mal sera vaincu, renversé, éradiqué. Il ne restera plus rien du mal. Ce sera... bien. Et toi, dans quel camp seras-tu ?

─ Parfois, je me demande si tu ne voudrais pas me tuer, m'éliminer, me liquider. J'ai vraiment le sentiment, parfois, que tu voudrais me tuer, m'éliminer, me liquider. Que ma présence est irritante, tout simplement, parce qu'il n'y a rien à tirer de moi.

─ Si tu ne vois pas le mal partout, la vie, c'est morne, c'est ennuyeux, la vie, c'est triste, c'est banale. Quand je dénonce le mal, c'est plus intense, la vie devient vivable.

─ Alors quelque chose de gai, de distrayant, donc du bien peut surgir du mal?

─ Non, moi, ça ne me fait pas rire le mal, mais pas rire du tout. Tu trouves ça drôle, toi, le mal ?

─ Oh laisse tomber.

─ Mais je sais ce que tu penses. Tu penses que le monde est complexe, et que je le simplifie à outrance. Mais moi, je pense que - inutile de rentrer dans la complexité, parce que la complexité est du côté du mal. Et rentrer dans la complexité du monde, c'est rentrer dans le mal. Qu'est-ce que tu dis de ça ?

─ Imparable. Mais, en fait, oui, je le reconnais, c'est toi qui as raison. Satan m'habite.

─ Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai jamais dit une chose pareille !

─ Pourtant je t'assure, c'est la vérité.

 ─ En tout cas, tous, ils vont, animés d'intentions maléfiques et complotent notre perte. Et toujours leur action vient heurter les principes. Alors, dénoncer, mettre au jour, extirper. La tâche est tellement immense. Il faut une telle énergie. La mollesse est coupable, elle s'acoquine avec le mal. Et puis, quand je parle au nom de ceux à qui on fait du mal, ma légitimité est absolue, nul ne peut me contredire. Je dois toujours avoir le dernier mot.
  Oh, le monde, comme j'ai mal. Le monde me fait mal. J'ai mal au monde. J'ai la souffrance du monde en moi, à travers moi. Que peut ton air goguenard contre ce mal-là, quand il converge, bouillonne, fusionne en moi.

 

 

 

 

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Le débouche-lavabo.

3 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

Le débouche-lavabo.

 

Si j’étais François Hollande, j’obligerais chaque foyer à s’équiper d’un tel instrument. Il est un magnifique exemple de notre génie français. Une technologie molle, certes, mais oh combien efficace, à ce jour inégalée et indépassée. Une efficacité à la fois magique et rationnelle. Quand on l’actionne, dans un geste qui ne manque pas d’une certaine sensualité, on comprend pourquoi, sans pour autant voir ce qui s’opère dans les tréfonds de la tuyauterie, l’eau soudain s’écoule de nouveau normalement. Une magie rationnelle, donc, qui n’a rien de mystérieux.

 

Si l’on considère l’objet en lui-même, dans sa magistrale simplicité, ce manche en bois auréolé de sa ventouse, nul doute que sa fabrication massive relancerait utilement notre industrie.
D’autant plus, comment douter que la France n’ait inventé cet instrument, et qu’elle n’en détienne le brevet. A ma connaissance, aucune autre nation ne peut se targuer d’une telle création, et si une autre l’utilise, ce ne peut être que par emprunt.
D’autres technologies essaient bien de concurrencer notre débouche-lavabo, mais en vain.

 

Donc pour le bon fonctionnement et la préservation de notre tuyauterie, pour une relance de notre économie, exigeons du président un plan ambitieux pour faire de cet objet un véritable symbole du renouveau de notre industrie nationale.

 

 

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Christophe N. et son ami

2 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Dans cette ville

photo - Gérard Dubois - Le silence et la mer

photo - Gérard Dubois - Le silence et la mer

 

Christophe a un ami qui se tait. A quel point ce garçon se tait, c’est étonnant. Avec lui on prend vraiment conscience que l’homme habite le silence. Après lui vient une excroissance sur le visage qu’on appelle la parole. Mais originairement le visage est lisse. Entre les lèvres de cet ami, on n’aperçoit jamais qu’une petite bulle. Rien de plus. Lorsque des mots s’échappent, surtout me semble-t-il, à partir de la commissure droite, le verbe est rare, la phrase courte, hachée, presque toujours sollicitée. C’est un bloc de silence, sans hostilité, ni sympathie vers l’autre. Une transparence aussi. On ne parvient pas à lui supposer de pensée intérieure. En tout cas, pas sur le mode du langage articulé, tant, même le dialogue qu’il pourrait nouer avec lui-même paraît par analogie difficile.

   Avec Christophe, je m’étonne : Ce silence, quel mystère ! Comment peut-on se taire autant ? C’est presque du militantisme.

Christophe n’est pas avare de réponses : Mais tu comprends, il est tellement bloqué… et suit toute une série d’explications à dominante psychologique, surdéterminées par d’autres franchement sexuelles.

Je l’arrête : Dans mon interrogation, seul m’intéresse vraiment l’étonnement dans lequel je demeure. Et l’inexpliqué. Pourquoi ne pas tenir les réponses à distance des questions ? Les réponses restent le plus souvent insuffisantes.

 

 Concernant son ami, Christophe fait preuve d’une infinie patience, d’autant plus méritoire que, il me l’a dit, tant de silence l’accable. Il le suscite du regard, le motive d’un sourire, l’attend en inclinant la tête. Pour lui laisser la parole (et dans ce cas, c’est au sens plein du terme, tant il faut s'effacer pour qu'il s'en empare), j’ai souvent l’impression qu’il lui déroule un tapis pour que l’autre dépose dessus, du mieux qu’il peut, ses maigres paroles.

Ainsi depuis des années, il a pour son ami les attentions du thérapeute. Pourtant aucune amélioration notable n’a encore été constatée.

 

 

 

 

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Le dieu Chance

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'individu et la société, #Laïcité religion, #L'instant qui vient

Photo - Gérard Dubois - le bar-tabac d'en bas de chez moi.

Photo - Gérard Dubois - le bar-tabac d'en bas de chez moi.

 

 

Il y a des fanatiques de la chance pour qui le nombre, c’est le destin. Pour eux, la seule, la vraie religion universelle, c’est la religion du Nombre.

Son lieu de culte : le bar-tabac. Là, qu’ils soient noirs, jaunes ou blancs, les pratiquants de cette religion du Nombre font en sorte d’être l’objet de la seule métamorphose qui vaille ; celle qui fera d’eux des êtres riches, oisifs et heureux. Bref des dieux.

Dans cette religion, il n’y a pas d’intériorité, pas d’introspection, pas de péchés.

Le sujet qui remplit sa grille de nombres croit agir pour son propre compte alors qu’il s’est déjà fondu dans le grand tout du nombre et de la statistique.

 

S’il gagne, sa valeur, son mérite ne sont, bien sûr, pas en jeu. Il prend juste valeur d’exemplum. Un exemple qui peut être imité. Son apothéose est signalé par un écriteau dans le bar qui l’aura vu gagné : « ICI, le 21 décembre XXXX, on a gagné TANT ».

 

ICI, c’est un index pointé vers un autre qui révasse, accoudé au bar, en se demandant comment il va occuper cette journée où il n’a rien à faire, et qui lui enjoint de tenter sa chance.

ICI, c’est aussi un encouragement pour celui qui déjà converti, remplit sa grille, et qui lui signifie que ce bar n’est pas un lieu profane, vide de sens, mais qu’il a déjà été touché par la grâce du dieu Chance, et que cela pourrait bien se reproduire, pour lui, expressement.

Ainsi, le lieu est  signifiant. Le bar-tabac est un templum, une enceinte où le fidèle choisit le nombre et où le nombre viendra le choisir.

 

Le 21 décembre XXXX a valeur de preuve ; il inscrit le fait dans le réel, le gain est avéré. La date précise éloigne la rumeur, le conte : Ici, un jour, une fois, on aurait gagné tant d’argent. Mais quand exactement ? Le souvenir se serait perdu !

D’ailleurs, la date du gain ne doit jamais être trop éloignée de la date du jour, six mois, un an, au plus. Sinon, comment se représenter un bar qui signalerait un gain vieux de dix ans. Pour le fidèle, il s’agirait d’un lieu déserté du dieu, voire même oublié et donc sans espoir de retour. Et à tout prendre, le fidèle du Nombre aurait tout intérêt à changer de trottoir, pour un bar qui pourrait même ne jamais avoir été visité, mais de ce fait, garderait encore intact toute possibilité.

Un lieu de culte en devenir.

 

Je me souviens, il y a très longtemps, dans une autre vie. C’était à Macao, dans l’Enfer du Jeu, la Chance me visita.

Cela se manifesta par une dégringolade de piécettes, pendant des secondes infinies où l‘argent semblait bouillonner à mes pieds.

Presqu’aussitôt, un groupe de jeunes Chinoises aux sourires ravis et figés nous entoura, moi et ma machine à sous, et après mon départ, elles prirent possession de la machine.

En fait, ce n’était pas moi, l’individu Moi, encore jeune et donc charmant, qu’elles convoitaient. Plutôt, elles espéraient être traversées par les ondes gagnantes que je venais de produire. Ainsi mon ici et maintenant gagnant était devenu adorable, un court instant, comme l’est, au fond, toute apparition dans l’espace et dans le temps, du divin.

 

 

 

 

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La Ville

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Dans cette ville

Photo Gérard Dubois - Dans l'attente d'un monde meilleur

Photo Gérard Dubois - Dans l'attente d'un monde meilleur

 

 

  ― Regardez, à la périphérie de la Ville, et aux carrefours, surtout, on voit de jeunes garçons agglutinés les uns contre les autres, qui paraissent former des nœuds de résistance à la dilatation généralisée du monde.
   L’énergie se relâche, la matière se détend, de l’espace se crée.


  La géographie de la Ville relève de la physique nucléaire la plus élémentaire.
   Il y a un noyau central qui est parcouru en tous sens par un réseau serré de circulation.
   La densité de la matière est maximale. Chaque mètre carré, sur des niveaux multiples, est exploité. Cette matière, sous l’effet de sa propre énergie subit un gonflement ininterrompu.
  Au milieu de ce noyau urbain, on est traversé par tous ces flux. On subit une attraction dont il est de plus en plus difficile de s’échapper. La matière attire la matière. La fusion est toujours possible.

 

Tout autour, comme les anneaux d’une planète, des périphériques dont la fonction serait de contrecarrer, en les déviant, les linéarités.
  Cette circularité donne sa pleine cohérence au centre, renforce son unité en le délimitant et aussi augmente la répulsion en favorisant le contournement. Un objet en orbite, Newton nous l’apprend, tombe sans fin vers son centre d’attraction.

 

Les deux territoires urbains, le centre et sa périphérie, ne s’interpénètrent donc pas directement.
  Dans la Ville-même, où la concentration est maximale, la dispersion minimale, chacun essaie de capter pour son propre compte cette énergie qui rebondit dans tous les sens. On est sous l’emprise de la nécessité, il s’agit de combler le manque. Même le futile apparaît nécessaire.
   « De l’autre côté du périf », comme on le dit à Paris, juste de l’autre côté, la nécessité ne fait plus loi, ce n’est plus le manque qu’il faut combler, mais déjà il s’agit de remplir le vide qui s’instaure.

 

On commence à voir que deux principes différents régissent ces deux territoires.
  Là où le tissu urbain se tend, c’est le plaisir qui vient combler le manque, comme il ne peut être différé, il impose sa nécessité.
   Et on retrouve l’idée traditionnelle de la grande Ville comme lieu de perdition.

 

Lorsqu’on « renonce à la Ville pour s’installer en banlieue », c’est un renoncement à cette forte probabilité d’être touché par la haute concentration d’ondes de plaisir en circulation dans le centre, et l’acceptation, en évoluant dans un univers plus distendu d’être touché de manière plus aléatoire par ces mêmes ondes. On accepte alors de différer son plaisir. Mais cette acceptation, en apparence simple, vécue comme un simple glissement, fait entrer de plain-pied dans une autre sphère. Une sphère régie par un autre principe, celui de la morale dans lequel il faut choisir entre le bien et le mal.

 

En définissant ainsi le plaisir et la morale, j’entends revenir comme un écho, les concepts du monde romain d’otium et de negotium.
   L’otium, l’oisivité, définit l’espace sacré, l’unité de la Ville rassemblé derrière ses fortifications.
 L’otium s’oppose au negotium qui, lui, représente l’extérieur, l’espace ouvert ; les larges plaines dans lesquelles s’engouffrent les tribus barbares, un espace physique autant que mental dans lequel règne la division.
   Les affaires du monde, les guerres principalement, mais aussi tous les intérêts divergents mettent en péril la paix nécessaire de l’otium. Celui-ci, à tout instant doit donc être protégé du negotium. En retour, c’est l’otium qui donne son sens aux divisions du monde. Sans lui, elles ne seraient que du chaos, aucune finalité pour les mener à un terme.
   On accordera un triomphe à celui qui aura su, même pour un temps limité, faire taire les divisions du negotium, et ainsi renforcer l’unité de la Ville, toujours menacée.

 

Sur ce modèle, j’établirai une relation entre ces deux principes, ceux du plaisir et de la morale. Il s’agira d’une relation dialectique, l’un n’existe pas sans l’autre et où la morale se trouvera subordonnée au principe du plaisir.
   La morale, c’est du plaisir différé, distendu, mis en espace. La morale coïncide avec le plaisir lorsqu’elle parvient à réaliser ses fins, auparavant elle en est la négation.

 

Un monde dans lequel la morale règne sans partage est un monde désespérant, un rocher à rouler toujours, un tonneau sans fond à remplir.
   C’est l’irruption du principe de plaisir dans le processus moral qui vient solutionner celui-ci.
   Dans son combat entre le bien et le mal, entre ce qui devrait être et ce qui est, tout d’un coup, le sujet éprouve ce plaisir d’un accord retrouvé avec lui-même, il ressent le plaisir de ce qui est bon pour lui.

 

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Commentaires 

 

   Gilles  La ville est la projection en 3D de nos ambitions et de nos relations, elle est historiquement le fruit du commerce et de la recherche de coopération des premiers groupes humains !

 

    

      Paul   J'aime bien votre idée que la ville est la projection en 3D de nos ambitions et de nos relations, mais ce que j'essaie de dire dans cet article, est qu'à l'intérieur de la Ville, justement on se méfie du commerce, et que le principe dominant est l'otium, qui vient du monde romain, c'est-à-dire l'oisiveté. La Ville doit être en principe, le lieu du plaisir, des fêtes, des jeux, également le lieu sacré de la religion, c'est-à-dire tout ce qui réconcilie, réunit, unit. Bien sûr, il y a des jeux de pouvoir dans les palais, du commerce à l'intérieur de la Ville, mais les intérêts divergents doivent y être nécessairement contrôlés, réglés voire masqués. Tout est subordonné à la paix - la paix romaine

            Alors qu'à l'extérieur de la Ville, le principe dominant est le negotium, c'est le monde où s'exprime le libre jeu des différents intérêts, les intérêts de chacun qui peuvent être divergents, et bien sûr s'opposer.

            On retrouve cette configuration, cet urbanisme dans nos villes modernes. Les anciennes fortifications qui assuraient l'unité de la ville ont souvent été remplacées par des voies de circulation qui permettent son contournement et donc d'une autre manière que les fortifications assurent toujours l'intégrité du centre.

 

          Une autre remarque sur ces deux concepts romains, pour essayer de montrer leur actualité. Notre modernité aurait opéré une rupture avec la conception traditionnelle du negotium. Désormais, c'est lui qui serait le principe dominant, assurant à lui seul, l'unité, l'intérêt général, le bien commun. Pour le dire autrement, l'économique a pris le pas sur le politique. C'est la fameuse main invisible qui réunit dans sa paume tous les intérêts divergents et qui en fait, par lui-même, la synthèse. On reconnaît l'idéologie libérale, mais justement en la mettant en regard avec des conceptions antérieurs qui s'articulaient différemment, on voit mieux en quoi elle est une idéologie, c'est-à-dire une croyance.


 


 Gilles   Déjà des cités grecques furent victime de cette "croyance" de la toute puissance du negotium. C'est aussi le symbolisme de la tour de Babel ! Nous sommes sur l'agora mais pour combient de temps encore!


 

        

   
Paul  Oh ! Ça durera le temps que ça durera. Tant qu'on s'cause, pas vrai ?



Gilles Yes my lord ! Faisons un feu ! Réchauffe et éclaire qui pourra !

 

 

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Lecture

 

Dans les sociétés protohistoriques, groupées en villages, l'espace est senti comme une entité indéterminée, sans limites précises, virtuellement hostile, dangereux. Il s'oppose au pôle positif, fermé, qu'est le village et son environnement immédiat. Entre deux villages s'étend un espace vide, terrain d'accrochage et de guerre en puissance. On a déjà signalé que le passage à la phase de la cité signifiait aussi, sur le plan spatial, l'intégration et la structuration d'une partie de ce "no man's land" et sa transformation en lieu de rencontre, de lutte ritualisée et fixée d'un commun accord. En d'autres termes, la guerre sanglante cède le pas à une "guerre de mots" : la politique est née, et avec elle la "polis".


(...) La création d'un espace urbain s'effectue donc au moyen de deux opérations cohérentes et étroitement solidaires : la détermination d'un point central, où se dérouleront les activités collectives, politiques, et la réalisation d'une limite vers l'extérieur, de caractère sacré (le "pomerium" c'est-à-dire la ligne qui délimite l'espace sacré de la cité) et profane à la fois (les murs).


La Méditérannée, l'espace et l'histoire, Fernand Braudel, Champ, histoire, Flammarion, p.139, 141.

 

             ************ 

 

Pour les Romains, un mode de vie s'organise autour des villes. Ils ont une vénération quasi-mystique pour la vie urbaine. Le mot civis - l'homme de la ville - est à l'origine du mot civilisation - Et des villes, ils en fondent dans tout l'empire.

 

 

 

 

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Catastrophe annoncée

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

Photo - Gégé D.  - Risque de chute

Photo - Gégé D. - Risque de chute

 

 

Il y a un certain nombre de personnes dont la pensée est structurée par cette idée de la catastrophe. Ils l’attendent, ils la voient venir depuis toujours, ils l’espèrent, ils sont prêts à sabler le champagne lorsqu’ils la croient là juste devant nous.Est-ce que c’est leur supposée lucidité qui leur procure une telle jouissance ? Une jouissance telle qu’on hésite à les contredire de peur de leur retirer une part de leur substance.

Je suis loin de penser que la catastrophe ne puisse pas advenir ( il y en a eu tellement dans le passé). Mais cette focalisation sur la catastrophe nous aura-t-elle été d'un grand secours lorsque celle-ci surgira, comme toujours à l’improviste ?

Pour ma part, il faudra que je sois vraiment au bord du gouffre, le corps vacillant dangereusement d’avant en arrière pour commencer à dire : «  Ah oui… là peut-être que… il se pourrait que... ce n'est pas impossible si... ! »

 

 

 

 

 

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Étonnement

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

Photo Gérard Dubois - la bonne attitude 1 et 2Photo Gérard Dubois - la bonne attitude 1 et 2

Photo Gérard Dubois - la bonne attitude 1 et 2

 

Voilà un sujet d’étonnement. Lorsque je présente à un de mes proches ma dernière œuvre, mon ultime création, il me déclare, dans le meilleur des cas : « Dès que j’ai un moment, à la fin de la semaine, je regarde ça de plus près. Je m’y consacre entièrement ».

Alors que la réaction naturelle serait, selon moi, de cesser toutes ces menues activités, pour se consacrer, séance tenante, à la découverte de la plus récente des projections de mon esprit.

 

 

La bonne attitude 3

La bonne attitude 3

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Les sur-moïstes

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

Photo Gérard Dubois - Dans la cité dolente... laissez toute espérance

Photo Gérard Dubois - Dans la cité dolente... laissez toute espérance

 

 

Il y a ceux qui dans l’économie libidinale privilégient le sur-moi (les sur-moïstes). On les retrouve en grand nombre dans la confrérie des idéalistes. Le monde tel qu’il est ne devrait pas être.

 

Ils placent toujours la barre très haut et la plupart du temps, se révèlent bien sûr incapables de la franchir. Ils attribuent ensuite à la terre entière la cause de leur échec. Parce que c’est la médiocrité ambiante qui ne leur permet pas d’atteindre les hauteurs auxquelles ils aspirent. Le monde tel qu’il devrait être n’est pas.

 

Ils sont gens, très parisiens (on en rencontre beaucoup dans cette région du monde, mais pas uniquement), très exigeants (pour eux-mêmes mais peut-être encore plus avec les autres), et au bout du compte, très vains.

 

 

 

 

 

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Take off your fucky shirt

1 Décembre 2014 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Christologie

 

 
Parfois, en regardant ce concert, je m'interrogeais : « C'est bizarre, pourquoi ces jeunes gens vont-ils souvent le ventre nu ? »    
En fait, c'est qu'il y a une cause, quand par exemple, dans une débauche d'électronique et de jolies filles, Dimitri (Vegas) à la 33ème minute de son concert, leur demande : « Take off your fucky shirt », et alors ils s'exécutent .
Ainsi dans un premier temps, on n'y prête pas vraiment attention, mais tout d'un coup :
 une chose apparaît comme la conséquence d'une cause,
une chose apparaît comme la conséquence d'une cause,
une chose apparaît comme la conséquence d'une cause.
 
Seulement voilà, il se pourrait que Dimitri demande à son public :
« Take off your fucky shirt ». parce qu'il a constaté que, dans ses concerts précédents, ces jeunes retiraient spontanément leur T-shirt, et donc lui, dans un souci de communication, voire de communion avec eux s'écrierait :« Take off your fucky shirt » sachant pertinemment que son injonction, et pour cause, sera suivi d'effet.
Dans ce cas, la conséquence se retournerait en cause, faisant ipso facto de cette conséquence (ils retirent leur T-shirt), une cause première.
 
Et nous ne pouvons qu'être saisi de vertige à cette pensée que nous évoluons dans un monde dans lequel les causes et les conséquences s'inverseraient les unes par rapport aux autres.
 
Un monde fichtrement indéterminé par pléthore de déterminations. Foutu monde ou plutôt fucky world, comme pourrait dire Dimitri.

 

 

 

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