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éloge de la mollesse
Articles récents

Il faut le savoir

23 Janvier 2018 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #En bref

Sylvie Paponnet

Sylvie Paponnet

 

Ce n'est pas forcément parce qu'on est tranquille qu'on est libre, ni parce qu'on est optimiste qu'on est heureux.

 

André Féat

 

 

 

 

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Algorithme, mon amour

19 Janvier 2018 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

Centurionne de chez Gérard Dubois

Centurionne de chez Gérard Dubois

 

 Désormais, le matin en nous réveillant, nous devrons nous interroger :
" Pourvu que les algorithmes me soient favorables aujourd'hui ! "

À l'ami qui s'en va, nous dirons :
" Ami, vas, et par les chemins que tu empruntes, que les algorithmes te soient propices. "

 

Avant d'engager un événement important, bientôt nous consulterons des spécialistes des instructions numériques, comme les Romains le faisaient avec les augures, en espérant que les auspices algorithmiques qu'ils nous rendront, nous serons heureux, et nous prierons pour qu'ils ne soient pas funestes.

 

  par Christophe Eloy             

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 Méditations du bord de mer

22 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Considérations spinoziennes, #De la mollesse

Au bord de l'eau - photo Gérard Dubois

Au bord de l'eau - photo Gérard Dubois

 

 

Au fond, je me rends compte que les choses que j'ai vraiment souhaitées, celles que j'ai vraiment voulues, mais disons, à une certaine profondeur, souterrainement, et avec une intensité soutenue, sur une période longue, et pourquoi ne pas dire - dès l'enfance, et bien tout ce serait passé comme si j'avais ordonnancé ma vie pour qu'elles se réalisent, et elles se seraient réalisées, presque à mon insu, sans une claire conscience de leur effectuation.

Mais à un moment donné, j'étais bien obligé de reconnaître que ce que j'avais longuement souhaité était tout simplement là. Et sans doute même, dans les justes proportions de mon désir initial.

 

À l'inverse, tout ce que je n'ai pas voulu, et c'est un océan, ou bien ne s'est pas produit, ou bien j'ai pu y mettre fin. Et c'est plutôt une non-volonté, un non-vouloir qui a écarté de mon chemin ce qui ne me semblait pas à ma convenance. Et en plus, il faut le noter, sans effort excessif, presque d'un revers de la main.

 

Au bout du compte, mes volontés se sont installées dans ma vie sans que j'y prenne garde. Un beau jour, je le répète, elles étaient là.

Cette volonté longue, je l'appelle persévérance. Et persévérer, c'est l'essentiel.

 

 

Ce qu'on désigne habituellement à partir du terme de volonté relève plus du volontarisme, c'est-à-dire un forcage de la volonté qui se focalise sur le court-terme, sur le présent.

Cette volonté-là nous met en situation d'obligation de résultats. Du coup, elle nous prend à la gorge. Elle fonctionne comme un étouffoir qui nous fait le souffle court et prisonnier de ce monde qu'elle croit avoir transformé. Elle nous oblige à amplifier son importance ; une chose de toute première importance du fait même des efforts qu'il nous a coûtés pour le faire apparaître.

 

Et pourtant la plupart du temps, cette volonté immédiate, soi-disant consciente, manque son but. Parce que dans le même temps qu'elle nous fait nous agiter, elle active des volontés plus anciennes productives d'effets ressemblant assez peu à ce qu'on imaginait faire surgir dans un premier temps. Et ce sont ces dernières qui finissent par envelopper l'ensemble de nos volitions et de leurs productions.

 

Le plus favorable, c'est quand ces lignes entrent en résonnance et se renforcent l'une l'autre. Mais très souvent, elles se télescopent, se pertubent, se contredisent. Alors, d'un côté, les productions de la volonté immédiate laissent insatisfait avec un goût d'inaccompli, et de l'autre, il y a ce sentiment amer d'avoir été le jouet d'une force qui nous dépasse.

 

 

 

L'idée est comme directement greffée sur notre cerveau, et il faudra bien des méditations du bord de mer pour désapprendre, détricoter, déconstruire cette représentation prédominante d'une volonté-moteur, seule force disponible pour entraîner notre vie.

Avant de prétendre pouvoir exercer un libre-arbitre à partir de cette volonté, il conviendra donc de contempler longuement toutes les déterminations antérieures qui n'en finissent pas de faire sentir leurs influences.

 

  par Christophe Eloy             

 

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Méditations du bord de mer II

22 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Considérations spinoziennes, #De la mollesse

photo Gérard Dubois

photo Gérard Dubois

 

 Le contraste est saisissant entre cette vie en train de se faire avec tous ses choix frémissants d'hésitations et d'incertitudes et la même vie considérée d'un point de vue rétrospectif.
 

D'un côté, la vie en cours pleine d'actions, d'échecs, de succès, de renoncements, de fuite en avant, d'imprévus aussi, et toutes ces peurs qu'il faut surmonter tant bien que mal. Une vie remplie de " et maintenant quelle direction dois-je prendre ? "
 

Et de l'autre, une ligne où les événements s'emboitent les uns dans les autres. L'un plus récent vient éclairer, donner du sens à un précédent. La cohérence d'une vie surgit soudain dans la conscience avec l'évidence logique d'une bille quand elle descend la pente d'une colline de sable sur laquelle un enfant joyeux a tracé un élégant chemin sinueux.

Comme si cette vie se mettait en ordre pour être racontée. Presque prête pour faire une histoire.

 

 

par Christophe Eloy             

 

 

 

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Méditations du bord de mer III

21 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Considérations spinoziennes, #De la mollesse

photo Gérard Dubois

photo Gérard Dubois

 

Ce passé, je le faisais mien,
pour juste le tenir tout entier
dans le creux de la main.

 

 

Il va s'agir de se recharger en passé. On en reprendra volontiers une petite lichette, une pincée, une couche, pour saupoudrer, épaissir le présent des jours
Il s'agit aussi de remettre en perspective cette longue chaîne de déterminations que deviennent les vies qui s'étirent, et de toujours garder un oeil sur cette suite d'événements qui nous constitue, cette singulière concaténation qu'est la nôtre.
La nécessité qui a présidé nos vies, si l'on reste le nez collé au présent, est chichiteuse pour exhiber ses lois. Elles restent invisibles. C'est avec le regard en arrière que cette nécessité peut apparaître plus clairement.
 

Les souvenirs, bons ou mauvais, désormais quelle importance*. Je les aime indistinctement. Avec l'âge qui vient, l'injonction d'aller toujours de l'avant, de ne pas se retourner sur le passé, devient moins vive, et pour ma part, je me tourne vers eux avec une culpabilité proche de zéro. Ils me restituent tout un contexte. Ils sont au carrefour de plusieurs histoires. Ils ont des significations multiples. Mais avec le regard rétrospectif, et peu à peu, ils prennent du sens. Une cohérence apparaît là où semblait régner le désordre, le hasard. L'ensemble d'une vie pourra s'interpréter avec ses lignes directrices et prendre une valeur singulière.
 

 

Néanmoins, un double mouvement reste possible. Soit un retour vers le passé en emmenant le présent avec soi et en l'écrasant sur le passé. Le passé devient tout et le présent n'est plus rien. Mais finalement le regard rétrospectif se perd puisqu'il n'a plus aucune ligne à mettre en perspective. Le passé a tout réabsorbé et se fige en une totalité. Soit au contraire, ramener le passé vers le présent. Opérer un glissement. Le haler à soi comme une embarcation. Le faire avancer en le tirant sur le chemin avec une corde le long de la rivière. C'est à cette condition que le passé peut continuer à être interprété, produire du sens et conserver une puissance de transformation du réel, bien plus utilement que si on tente cette tranformation à partir du seul présent.
Il est nécessaire de savoir composer aussi avec le passé.

 

Et on gardera à l'esprit que le choix entre ces deux mouvements vers le passé se fera aussi en fonction de déterminations antérieures. Ce serait beaucoup dire qu'il est libre.

 

* Souvenirs et rêves sont tellement proches. Souvent, je me demande : mais ça, je l'ai vécu ou je l'ai rêvé ? Et je me rends compte que c'est indémêlable.

                                                                                                         
         par Christophe Eloy             

 

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Sympathy For The Devil

7 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Des traductions

 

Paroles et traduction de "Sympathy For The Devil"

Album « Beggars banquet » (1968)

Sympathy For The Devil (Sympathie Pour Le Diable)

 

Please allow me to introduce myself

De grâce permettez-moi de me présenter

I'm a man of wealth and taste

Je suis un homme de goût et de bonne fortune

I've been around for a long long year

Je suis là depuis de longues longues années

Stolen many man's soul and faith

à beaucoup d'hommes j'ai volé leur âme et leur foi

I was around when Jesus Christ

J'étais là quand Jésus Christ

Had His moment of doubt and pain

Eut son moment de doute et de souffrance

Made damn sure that Pilate

J'ai sacrément assuré pour que Pilate

Washed his hands and sealed His fate

S'en lave les mains et scelle son sort

Pleased to meet you hope you guess my name

Enchanté de vous rencontrer j'espère que vous devinez mon nom

But what's puzzling you is the nature of my game

Mais ce qui vous trouble c'est la nature de mon jeu

 

Stuck around St. Petersburg

Je me suis attardé à Saint-Petersbourg

When I saw it was a time for a change

j'ai vu qu’il était temps que les choses changent

Killed the Tzar and his ministers,

Et j'ai tué le Tsar et ses ministres,

Anastasia screamed in vain

Anastasia criait en vain

I rode a tank held a gen'rals rank

J'ai conduit un tank avec un grade de général

When the blitzkrieg raged and the bodies stank

Quand la guerre-éclair a fait rage et que les cadavres puaient

Pleased to meet you hope you guess my name. Oh yeah

Enchanté de vous rencontrer j'espère que vous devinez mon nom. Oh ouais

Ah what's puzzling you is the nature of my game. Oh yeah

Mais ce qui vous trouble c'est la nature de mon jeu. Oh ouais

 

I watched the glee while your kings and queens

J'ai été rempli d’allégresse pendant que les rois et les reines

Fought for ten decades for the Gods they made

Se battaient pendant dix décennies au nom des Dieux qu'ils avaient faits

I shouted out Who killed the Kennedy's ?

J’ai crié qui a tué les Kennedy ?

When after all it was you and me

Mais après tout nous étions tous coupables

 

Let me please introduce myself

De grâce permettez-moi de me présenter

I'm a man of wealth and taste

Je suis un homme de goût et de bonne fortune

And I lay traps for troubadors

je monte les guet-apens contre ces troubadours

Who get killed before they reach Bombay

Qui se font tués avant d'atteindre Bombay

Pleased to meet you hope you guess my name. Oh yeah

Enchanté de vous rencontrer j'espère que vous devinez mon nom. Oh ouais

But what's puzzling you is the nature of my game. Oh yeah

Mais ce qui vous trouble c'est la nature de mon jeu. Oh ouais

Pleased to meet you hope you guess my name

Enchanté de vous rencontrer j'espère que vous devinez mon nom

But what's puzzling you is the nature of my game

Mais ce qui vous trouble c'est la nature de mon jeu

 

Just as every cop is a criminal

Puisque tous les flics sont des criminels

And all the sinners, Saints

Et tous les pécheurs des saints

As heads is tails, just call me Lucifer

Puisque tout est cul par dessus tête, appelez moi donc Lucifer

'cause I'm in need of some restraint

Car je dois bien faire preuve d'un peu de retenue

So if you meet me, have some courtesy

Mais au moins quand vous me rencontrez, ayez la courtoisie

Have some sympathy and some taste

De m’accorder votre sympathie et le bon goût

Use all your well learned politesse

De vous servir de toute votre éducation

Or I'll lay your soul to waste

Ou je jetterai votre âme aux ordures

Pleased to meet you hope you guess my name

Enchanté de vous rencontrer j'espère que vous devinez mon nom

But what's puzzling you is the nature of my game

Mais ce qui vous trouble c'est la nature de mon jeu

 

(1) les flics sont des criminels, les pécheurs des saints

 

Donc le Diable est Dieu ( là il fait donc preuve de modestie )

 

As a side note, I read on a message board that "the 'Troubadours who got killed before they reached Bombay' refers to the hippies who traveled the 'Hippie Trail' by road. Many on them were killed and ripped off by drug peddlers in Afghanistan and Pakistan. Those shady deals were probably the 'traps.'"

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Les épitaphes de Paul Maurice

6 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse

Les épitaphes de Paul Maurice

 

Rédiger son épitaphe est l'ultime moment pour faire le bilan de sa vie. Après il sera trop tard, ou bien il faudra laisser à d'autres le soin de le faire. Ce qui peut être préjudiciable.
Paul Maurice considère qu'il n'est jamais trop tôt pour sceller son destin par des mots, d'autant plus qu'il a conscience que son créateur tient fermement le ciseau qui risque à  tout instant de couper le fil de son existence.
L'affaire est donc d'importance. D'ores et déjà, plusieurs options s'offrent à lui, (la liste n'est d'ailleurs pas close). Dans ce domaine, comme dans d'autres "abondance de biens ne nuit pas", néanmoins, au final, il devra ne retenir qu'une 
seule épitaphe. 
Laquelle ?

Si vous pouviez l'aider dans ce choix délicat, ce serait sympa.

 

 

Dans tout ce qu'il entreprit,
et déjà tout petit :
Un humour nonchalant, un sérieux absolu.
      
épitaphe pour Paul Maurice (0)

 

Au final, une vie entière n'aura pas suffi pour me permettre 
de régler au mieux un certain nombre de détails
de ma personnalité.
Un personnalité assez complexe, au demeurant.
     
épitaphe pour Paul Maurice (1)

 

 

Grosso modo, ça c'est bien passé.
Ouf, ça aurait pu être bien pire.
C'est vrai si on y songe.
Merci qui ? Merci la vie.
   
épitaphe pour Paul Maurice (2)

 

 

Merci à tous. À ceux qui m'ont aimé, même un peu.
Ça m'a fait du bien.

       épitaphe pour  Paul Maurice (3).

 

Il disait de lui-même
avec une confondante lucidifiance :
Du génialisme !
Pas vraiment.
De la talentualité !
Oui plutôt.
      
épitaphe pour Paul Maurice (4)

 

REST IN PEACE
Non pour un mort comme moi, 
la paix, comme la guerre, d'ailleurs,

lui est totalement indifférente.
Le mort que je suis, a juste
à connaître de la mort.
      
épitaphe pour Paul Maurice (5)

 

Ricaner aura été la grande affaire de son existence.
      épitaphe pour Paul Maurice (6). 

 

 L'Éternité sinon rien !
     
épitaphe pour Paul Maurice (7). 

    

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L’Épitaphe

5 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Des idées reçues à l'épitaphe

 

 

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

J’ai vécu dans ces temps et depuis mille années
Je suis mort. Je vivais, non déchu mais traqué.
Toute noblesse humaine étant emprisonnée
J’étais libre parmi les esclaves masqués.

J’ai vécu dans ces temps et pourtant j’étais libre.
Je regardais le fleuve et la terre et le ciel
Tourner autour de moi, garder leur équilibre
Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel.

Vous qui vivez qu’avez-vous fait de ces fortunes ?
Regrettez-vous les temps où je me débattais ?
Avez-vous cultivé pour des moissons communes ?
Avez-vous enrichi la ville où j’habitais ?

Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps.

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Sonnet

4 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Le désir en toutes lettres

Dessin - Roman Blancher

 

Trois cyprès majestueux abritent nos
mères défuntes, et comme des oublis
s’agitent devant nos yeux.

Présence fantomatique, absence.
Comme des corps épurés,
d’une étrange beauté.

 

On guette un souffle d’air
qui leur redonne vie.
A leurs pieds, comme on se sent petit.
Toujours plus leurs enfants

 

et beaucoup moins nous-mêmes.
Et l’on prie qu’elles reviennent,
de les savoir si proches.
Et l’on prie qu’elles reviennent.

 

 

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Fabulation

1 Décembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #En bref, #Gérard Dubois

photo - Gérard Dubois

photo - Gérard Dubois

 

 
 
" Faire en sorte que l'ineffable nous devienne familier tout en gardant ses racines fabuleuses..."
J. Supervielle
 
 
 
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Dysfonctionnement

30 Novembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours

 

 

Une nuit, je constate qu'une pièce de la chasse-d'eau est défectueuse. Il y a un clic qui ne se fait plus.

Je tiens à le faire savoir à ma mère. Elle est là, entourée d'oncles, de tantes, d'amis. Je ne sais plus qui exactement. Avec le temps, les souvenirs perdent de leur netteté.

Ma mère me fait comprendre que ce n'est pas bien grave, qu'elle a d'autres préoccupations. D'ailleurs, je sens monter du groupe, une sourde réprobation quant à mon intervention. 

Ils s'éloignent.

 

Pourtant, dans nos sociétés, les chasses-d'eau sont plus que problématiques. Trop souvent, elles dysfonctionnent. Elles fuient, elles produisent des bruits inopinés et dérangeants. Ils arrivent même qu'elles refusent, tout simplement de remplir leur office.

Et moi qui a le sens du détail, je n'apprécie pas du tout ce genre de petits tracas. Je tends le bras vers eux et d'un doigt presque menaçant, je m'écrie : 

- Mais si, je vous assure, c'est important.

Et je reste là, avec un sentiment d'inutilé, de futilité. Je me sens comme déprécié. Je veux bien croire qu'il y ait dans le monde d'autres problèmes qui méritent qu'on s'y arrête. Mais quand même, une chasse-d'eau qui risque de ne plus fonctionner.

 

 

 

 

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Insomnie et autres poèmes

27 Novembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #De la poésie

 

 Il est des talents si impétueux que les événements les plus dévastateurs de l'histoire ne sauraient les étouffer. Réduite à néant par la terreur stalinienne, Marina Tsvétaïéva ne cesse aujourd'hui de revivre et de rayonner. Cette «danseuse de l'âme», ainsi qu'elle se nommait, traverse, subit et transcende les malédictions de l'Histoire comme une comète fracassée.

Par sa poésie, fulgurante, rétive et exaltée, elle fraternise d'emblée avec toutes les victimes. La singularité tragique de son itinéraire, d'une indestructible intégrité, garde aujourd'hui toute sa charge libératrice. 
                                                                        Préface de  Zeno Bianu.

 

 

 

       Marina Tsvetaïva
       
3 poèmes extraits de Insomnie et autres poèmes.

 

 

 

Le ciel est loin, les lèvres sont proches dans la brume.
Dieu ne juge pas.
Tu n'étais pas une femme sur terre.


Il y a les heureux et les heureuses
qui ne peuvent chanter.
À eux et elles les larmes,
d'où le chagrin qui ose se déverser.
Pluies torentielles pour que ça tremble sous la pierre.


Mais moi, ô vocation, tel un fouet,
même au milieu des plaintes funéraires,
le devoir m'enjoint de chanter.

 

 

*****

 

Se Faufiler.

 

Mais la plus belle victoire sur le temps
et la pesanteur,
c'est peut-être de passer
sans laisser de traces,
de passer sans laisser d'ombres sur les murs.
Peut-être subir un refus.
Être rayé des miroirs.
Ainsi Lermontev dans le Caucasse

s'est faufilé sans alarmer les rochers.

 

 

*****

 

Clouée, clouée au pilori du déshonneur
selon l'ancienne conscience des Slaves.
Marquée au front,
un serpent dans le coeur,
je vous l'affirme. Je suis innocente.
Je vous l'affirme. En moi, je porte
une paix de communiante avant la communion.
Je n'ai pas choisi de tendre la main,

de mendier le bonheur sur les places.
Fouillez tous mes biens et tous mes trésors.
Dites, suis-je devenue aveugle ?

Où est mon argent ? Où est-il mon or ?
Au creux de ma main ne reste que cendre.

 

 

 

 

 

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Pourquoi est-ce que cette photo me rend meilleur ?

13 Novembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #L'humeur des jours, #L'instant qui vient

Nuit de Noël 1963 au Happy Club - Malik Sidibé

Nuit de Noël 1963 au Happy Club - Malik Sidibé

 

Autant que cela soit possible, bien entendu, ce qui n'est jamais avéré. Mais si l'on admet cette possibilité, alors pourquoi ?

 

Peut-être, parce qu'elle serait une preuve visuelle, comme l'écrivait son auteur, Malik Sibidé, que "le bonheur est avec le monde".

Tout d'abord, il y a la clarté de la robe et du costume qui dit l'innocence.
Il y a deux sourires intérieurs qui disent le plaisir partagé. Il y a le relachement des corps qui dit une mollesse tendre. Aussi, une symétrie, un équilibre parfait des espaces et des corps, dit l'harmonie d'un instant unique.

 

Un soir de Noël 1963, un frère apprend à danser à sa jeune soeur. Dans beaucoup de photos du photographe malien de ces années-là, les danseurs prennent ostensiblement la pose. Ils dansent le twist et ils tiennent à ce que ça se voit. Ils sur-dansent, en quelque sorte. Rien de tel ici.

Le jeunes gens sont front contre front, les épaules basses, le torse rentré, les genoux en avant, mais leur danse à eux se laisse surtout comprendre grâce à un pied nu et un autre chaussé d'une espadrille, tous les deux légèrement levés.

 

Peut-être qu'ils acquièrent un mouvement qui leur est propre. Peut-être qu'ils dansent en eux-mêmes, pour eux-mêmes et l'un par l'autre en cet instant où leurs gracieuses silhouettes ébauchent un ovale qui surgit comme pour les envelopper à jamais.

 

 

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Big Bang Theories

3 Novembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Jo LaScience

photo Gérard Dubois

photo Gérard Dubois

 

Instant zéro

Il y aurait eu un instant zéro, c'est-à-dire une singularité première et époustouflante identifiée à un point purement géométrique de volume nul mais de densité et de température infinie. À peine croyable,  non ! Ensuite le Big Bang.

 

Ère de Planck

Après le Big Bang, s'ouvre une nouvelle ère. L'ère de Planck. Elle vaut 10-43 seconde. C'est court, en particulier pour voir se succéder des dynasties
Dans celle-ci les 4 interactions fondamentales sont unifiées et entrent en jeu en même temps. La gravitation, mais aussi les interactions électromagnétiques, nucléaire faible et nucléaire forte. Ces 3 dernières déterminant le comportement de la matière, notamment lorsque celle-ci est à très haute température et à très haute densité.

Or si la gravitation est expliquée par la relativité générale, les 3 autres relèvent de la mécanique quantique, ce qui empêche de décrire cette ère puisque ces 2 théories sont incomplètes et ne sont valables que quand la gravitation et les effets quantiques peuvent être étudiés séparément.

De notre point de vue, c'est-à-dire 13,8 milliards d'années-lumière après ces événements, il y aurait donc comme un mur, le mur de Planck, qui nous empêcherait de remonter plus avant cette 10-43 seconde. Mais y a-t-il eu quelque chose avant ? Et notamment ce rien de l'instant zéro ? Peut-être, par exemple,  que l'univers en se rétractant est venu rebondir sur le mur de Planck pour se dilater à nouveau. Ce serait une autre Big Bang Theory.

Néanmoins, si on s'installe en surplomb de ce mur, on observera que chaque particule vaut 10 milliards de milliards de fois l'énergie de masse d'un proton actuel. C'est dire s'il y a de l'agitation dans l'air. À cet instant, une particule a l'énergie moyenne d'un TGV. La matière est tout de même très dissipée.


Fluctuation quantique.


À ce stade, l'univers est un plasma constitué de particules en interaction. Il est composé d'électrons, de positrons (les antiparticules de l'électron), ainsi que de photons, de neutrinos et d'antineutrinos, ceux-ci en nombre comparable. Seule une pincée de protons et de neutrons (les baryons) étaient présente. On comptait au moins 1 milliard de photons pour chaque baryon.
 

Inflation, vous avez dit inflation !

Ensuite viendrait une inflation de facteur 1050 en 10-32 seconde. Plus rapide que la vitesse de la lumière, donc. L'univers atteint l'essentiel de sa taille actuelle à cet instant. Mais cette dilatation de l'espace qui dépasse la vitesse de la lumière ne viole pas pour autant la relativité. Parce que cette explosion concerne chacun des points de l'espace-temps et non pas juste un signal qui irait plus vite que la lumière.

 

Nucléosynthèse primordiale.

Entre 1/100 de seconde et une seconde après le Big Bang, la température est supérieure à 10 milliards de degré. On dira qu'il fait chaud.
À partir de cette soupe primordiale, des protons et des neutrons se forment ou encore les protons produisent des neutrons et le rapport est, pour cette période, de n/p =1.

Ensuite la température descend à 10 milliards de degrés, (on peut commencer à mettre une petite laine), l'univers continue son expansion mais la nucléosynthèse ralentit.
Pour 3 protons produits, ceux-ci ne produisent plus qu'un seul neutron. Le rapport n/p est alors de 1/3.

À peu près au même moment et à la même température, l'interaction faible perd de son efficacité et ne produit plus ses effets.
Cette force a un impact important quand les particules subatomiques sont très proches et excessivement énergétiques. Mais l'univers poursuit son expansion et les conditions de cette interaction entre particules subatomiques ne sont plus remplies. On est déjà bel et bien sorti de l'ère de Planck.
C'est vrai, notamment pour
les neutrinos qui ne sont sensibles qu'à l'interaction faible.
Les neutrinos et les 
antineutrinos se découplent alors du reste de la matière. Ils deviennent volages, se font la malle et s'en vont battre la campagne en traversant l'espace sans presque plus aucune interaction avec les autres particules.

À plus 100 secondes, l'univers poursuit son expansion, et la température chute encore. Le rapport n/p n'est plus que que de 1/7, c'est-à-dire que 7 protons ne produisent plus qu'un seul neutron.
Des noyaux comme le deutérium (1 proton + 1 neutron) peuvent alors se former de façon plus durable.
Mais aussi : 1p + 2n = tritium
                  2p + 1n = helium3
                  2p + 2n = helium4

En effet les photons, dont l'énergie était jusque-là suffisante pour qu'ils brisent systématiquement l'union d'un proton et d'un neutron, deviennent trop « mous » pour y parvenir. Les noyaux de deutérium  peuvent donc commencer à se former sans être aussitôt détruits par l'impact d'une particule de lumière. Une fois constitués, ces noyaux de deutérium agglutinent à leur tour un neutron et un proton. Se forment ainsi des noyaux d'hélium4.
Ces noyaux d'helium4 se révèlent être les plus stables. Et presque tous les neutrons disponibles se retrouvent inclus dans de tels noyaux.

Des noyaux complexes commencent à se former. 
À chaque fois qu'un neutron s'associe à un proton, 6 autres protons restent seuls. Ou encore quand un noyau d'helium4 se forme, 12 protons restent seuls et forment 12 noyaux d'hydrogène, puisqu'un noyau d'hydrogène n'est constitué, comme on le sait, que d'un proton, et c'est tout.
À cet instant, tous les baryons de l'univers, c'est-à-dire la matière structurée en atomes, sont sous la forme de noyaux d'hydrogène (75% de la masse) soit sous sous forme d'helium4 (25% de la masse). Et à l'état résiduel, des noyaux de deutérium, d'helium3 et de lithium7 (3p+4n).

20 minutes après le Big Bang, à 200 millions de degrés, les réactions nucléaires ne sont plus efficientes, et la nucléosynthèse primordiale s'arrête.
Les isotopes se stabilisent. Les isotopes étant des noyaux qui ont le même nombre de protons, caractéristique de cet élément, mais ayant un nombre de neutrons différents.

Big Bang Theories

    Fiat Lux.

En ce qui concerne cette matière baryonique, les noyaux sont formés, c'est une chose, néanmoins il faut attendre 380000 années pour que les électrons s'associent à ces noyaux pour constituer ce qu'on appelle les atomes.
Pendant toute cette longue période, les photons, dans cet univers, très chaud et très dense, étaient comme prisonniers, réabsorbés par la matière. L'univers était donc opaque, à la manière de ce qui se passe dans les trous noirs.
Mais à partir du moment où les atomes se structurent, cet événement libère les photons qui peuvent soudain voyager sans interagir avec la matière. L'univers se met alors à rayonner, il devient transparent.
Ce premier rayonnement est appelé rayonnement fossile ou fond diffus cosmologique. Ce serait le Fiat Lux de la Bible, (bien vu la Bible), sauf que cette "lumière fut" 380000 années après un éventuel instant zéro ou un possible rebond de l'univers. Mais bon, on va pas chipoter.

L'ère de Planck est située après le big Bang mais avant la période d'inflation.

L'ère de Planck est située après le big Bang mais avant la période d'inflation.

Le fond diffus cosmologique mesuré par la sonde WMAP en 2003.

Le fond diffus cosmologique mesuré par la sonde WMAP en 2003.

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Les corps simples.

2 Novembre 2017 , Rédigé par éloge de la mollesse Publié dans #Jo LaScience, #Considérations spinoziennes

Matière au repos - photo Gérard Dubois

Matière au repos - photo Gérard Dubois

 

 

Entre 1/100 de seconde et 20 mn après le Big Bang, soit à des températures comprises entre 10 milliards et 200 millions de degrés, c'est le temps de la nucléosynthèse primordiale, c'est-à-dire le temps où les noyaux d'atomes (proton + neutron) se forment.

Jusque-là ils en étaient empêchés parce que les photons (particules de lumière) étaient trop énergétiques et brisaient systématiquement l'union du proton et du neutron. Avec, dans ce plasma primordial, un rapport de force, tout de même, très en défaveur de la matière baryonique puisqu'il est de 1 pour un milliard de photons.

Et soudain, donc, les photons n'entrent plus en interaction avec les autres particules.

 

Comment analyser ce moment cosmologique d'un point de vue spinozien ?

À cet instant de l'univers, tous les corps sont en mouvement les uns par rapport aux autres. Ils peuvent s'assembler / se séparer. Ce qui crée de l'instabilité puisque certains n'ont pas vocation à passer leurs vacances ensemble, par exemple un proton et un photon.

Donc le non-mouvement du photon vers le noyau proton + neutron va provoquer une stabilité, un repos de ce noyau.

 

Ce qui peut être rapporté au corrolaire du lemme 3, Éthique 2 :
" Il s'ensuit qu'un corps en mouvement se meut jusqu'à ce qu'il soit déterminé au repos par un autre corps ", c'est-à-dire que les corps proton-neutron sont en mouvement jusqu'à ce qu'ils soient déterminés au repos par un autre corps, le photon, qui leur fiche enfin la paix.

On obtient alors ce qui est décrit par l'axiome II, Éthique 2 :
" Quand un corps en mouvement en heurte un autre au repos qu'il ne peut mettre en mouvement, il est réfléchi, de sorte qu'il continue à se mouvoir, et l'angle que fait la trajectoire du mouvement de réflexion avec le plan du corps en repos heurté sera égal à l'angle que fait la trajectoire du mouvement d'incidence avec ce même plan . "

Par exemple un photon peut bien encore venir heurter un noyau d'atome, mais s'il n'a plus assez d'énergie pour le casser, il repartira comme il est arrivé, avec une angle de départ symétrique à celui de l'arrivée. Ici Spinoza parle de réflexion, mais il s'agirait plutôt de réfraction...

 

 

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